Le ministre s’attaque à la laïcité

L’annonce au Bulletin officiel de l’Éducation nationale n°8 spécial du 2 septembre 1999 de l’ouverture possible pour la session 2000 d’un CAPES de religion avait soulevé quelques protestations et le silence du ministère avait été considéré par un certain nombre de ces protestataires comme le signe d’une victoire. Ils doivent aujourd’hui déchanter puisque le Journal officiel à publié en date du 27 janvier 2000 le nombre de postes « offerts » pour ce concours. Nous ne pouvons que dénoncer la démarche et protester contre la subvention déguisée ainsi accordée aux cultes au détriment des deniers publics et de la loi de séparation de 1905.

Il existait déjà des dérogations puisqu’au titre du statut spécial d’Alsace-Moselle un enseignement de religion était dispensé dans des établissements publics dans les trois département concernés.  Mais aujourd’hui, il n’est plus question de financer l’intervention de contractuels, mais d’ouvrir un concours national de la fonction publique dans ce but. Alors que les créations de postes sont bloquées et limités au simple remplacement des départs en retraite, alors que le nombre de postes mis aux concours cette année est en baisse, en particulier dans les concours internes, le ministère se découvre les moyens de financer ce nouveau concours et cette nouvelle « matière ». Et à quel niveau ! Dans le CAPES réservé qui sert de cadre à ce CAPES de religion, ce sont 35 postes qui sont accordés pour trois départements à la religions catholique, soit autant que pour la philosophie et les lettres classiques réunies pour l’ensemble de la France au titre du même concours.  Quant à la religion protestante, elle se voit attribuée pour les trois mêmes départements 8 postes soit autant que la physique et électricité appliquée pour l’ensemble du pays.

Il est inadmissible que sous le couvert d’un statut dérogatoire dont on peut discuter l’utilité, ce soit la laïcité sur l’ensemble du territoire qui soit remise en cause, et ce au mépris de toutes les proclamations concernant la rigueur budgétaire et la gestion à moyen constant que prétend respecter le gouvernement de la gauche plurielle.

Les enseignants actuellement en lutte pour le simple maintien de leurs postes apprécieront la facilité avec laquelle le ministre à trouvé là les moyens financiers qui lui manquent ailleurs. L’ensemble des laïques sauront se mobiliser, même si le ministre responsable est, à la différence de celui de 1996, socialiste, afin de faire échec à cette nouvelle offensive cléricale et antilaïque.

J-M D (Bordeaux)