Marie-Athée condamnée
Quelques dizaines de personnes avaient fait
le déplacement à la 10e chambre du Tribunal correctionnel
de police de Paris pour exprimer leur solidarité avec Marie Athée
qui passait en procès le 8 mars. Une salle d’audience contenant
une trentaine de places, une quinzaine d’affaires jugées ce jour
là, ont relégué une trentaine de personnes venue soutenir
notre camarade dans le hall. Si les audiences sont publiques, elles le
demeurent dans les limites du cadre feutré de la Justice.
Cette militante était poursuivie pour
avoir participé à une action musclée contre une agence
de Carlson wagons-lits travel (filiale du groupe ACCOR, rétribuée
par le ministère de l’Intérieur pour expulser des sans-papiers)
en mai 1999, ce qu’elle a toujours niée. Elle a affirmé au
cours du procès être rentrer dans l’agence entendant qu’il
s’agissait d’une action pour les sans-papiers, comme il en existe beaucoup
(sensibilisation du personnel et clients des hôtels IBIS, des navigants
et passagers de vol transportant des sans papiers…).
Une balance qui penche toujours du même
côté
Le juge avait à répondre à
trois questions. Les conditions rocambolesques de l’interpellation : une
course poursuite suivie d’un tabassage en règle par le gérant
de l’agence sur le trottoir du boulevard Voltaire, suivi d’un début
d’interrogatoire dans les locaux de l’agence, puis dans le fourgon de police
entraînait-il un vice de procédure ? Réponse du juge
: non.
Fallait-il donner du crédit au témoignage
de la secrétaire de l’agence qui affirme avoir vu Marie-Athée
renverser un présentoir de prospectus et faire tomber un écran
d’ordinateur et indique dans sa déposition qu’elle a peur de perdre
son emploi ?
Les déclarations du gérant,
l’ayant vu détruire le matériel de l’agence sans préciser
lequel, et un quidam resté sur le trottoir et l’ayant vu sortir
ont suffit à la faire condamner. Dans ses conditions, restait à
savoir le montant de l’amende pour l’écran d’ordinateur cassé,
deux présentoirs publicitaires renversés et des dossiers
déclassés ? Mais c’était oublier le plus important
et le plus cher de tout les préjudices : l’entrave à la liberté…
du commerce. Cette dernière mise en avant par le procureur de la
République contribuera à porter l’amende à la somme
31 000 francs (dont 25 000 francs pour dédommagements de la société
Carlson).
Ce procès est rapprocher des peines
de plus en plus lourdes qui pèsent sur les militants sociaux et
laisse augurer d’une répression croissante à leur encontre.
Bruno. — groupe de la Villette