FAITS D’HIVER

Dis moi comment tu enfermes, je te dirais qui tu es !

Le 11 février 2000, un détenu de la prison de Gradignan (Gironde) est passé devant la commission de discipline de cet établissement pénitentiaire. Il lui était reproché d’avoir refusé de « se soumettre à une mesure de sécurité définie par les règlements et instances de service ». La commission en question, composée d’un représentant de la direction, du chef de la détention et d’un surveillant, l’a reconnu coupable d’une faute de deuxième degré et l’a condamné à une mise à l’isolement de six jours.

Quelques jours plus tôt, ce prisonnier (de droit commun) qui partageait une cellule de 9 mètres carrés (prévue pour une personne) avec un collègue de galère avait refusé l’arrivée d’un troisième prisonnier dans la cellule.

9 mètres carrés, ca fait, en effet, une espèce de 3 mètres sur trois mètres. Pour une personne ca fait pas épais pour y vivre 20 heures par jour. Pour deux ça fait encore moins épais et ça oblige à une promiscuité dégradante (tu sens constamment la présence de l’autre, tu n’as aucune intimité pour pisser ou chier…). Pour trois ça débouche carrément sur l’intolérable.

Ce taulard a refusé cet intolérable. Sans violence ni un mot plus haut que l’autre. Mais il l’a refusé avec fermeté et il s’est fait plombé (bravo les enfoirés de la commission de discipline) de six jours d’isolement qui lui ont, au moins, apporté un peu d’intimité.

On peut penser ce qu’on veut de la prison et des gens qui y sont enfermés. Mais on ne peut pas penser ce qu’on veut d’une prison qui enferme de cette manière. Car (oh hé les grandes gueules de la gauche plurielle !) c’est tout simplement à faire dégueuler un vélo !
Le camarade de Gradignan vient de saisir le tribunal administratif pour que soit reconnue l’atteinte à sa dignité.
Dis moi comment tu vas juger, je te dirais qui tu es !

Jean-Marc Raynaud