En effet, ce texte perpétue, dans
sa logique, l’orientation politique développée depuis des
années dans la santé, à savoir : restructurations,
redéploiements de moyens et de personnels entraînant, à
terme, la fermeture de certains services et diminuant, de fait, l’accès
aux soins pour les usagers de la santé que nous sommes tous.
Il faut noter d’emblée que les
rallonges budgétaires que concède le gouvernement iront d’abord
aux établissements hospitaliers qui se soumettront à cette
politique générale de restructuration. D’autre part, rappelons
que les deux milliards annoncés pour le remplacement des agents
absents (maladie, maternité, formation) correspondant concrêtement
à seulement 10 000 postes réels, soit en moyenne 10 postes
par établissement, alors que les besoins en personnels ont été
chiffrés à 45 000 postes par les organisations syndicales.
Cette mesure ne constitue même pas des créations de postes,
elle vise seulement à combler le manque cruel d’effectifs et tente
de pallier le taux d’absentéisme engendré par des conditions
de travail insupportables. En ce qui concerne les urgences, les 300 millions
de francs octroyés paraissent bien insuffisants si l’on considère
que pour la seule région Ile-de-France, la mise en conformité
des services d’urgence a été évaluée à
150 millions.
La psychiatrie est complètement laissée pour compte dans ce protocole alors qu’elle est frappée de plein fouet par les restructurations et que la misère sociale grandissante engendre de nouveaux besoins dans ce secteur. N’est pas pris en compte non plus le financement des six mois de formation que les infirmiers psychiatriques seront obligés d’effectuer pour obtenir le diplôme d’État. Enfin, la ministre s’est engagée sur des « créations nettes » d’emploi pour mettre en place la réduction du temps de travail mais sans plus de précision… Cette bataille-là est loin d’être gagnée.
Les hospitaliers qui luttent depuis des mois pour alerter les pouvoirs publics et les usagers sur la dégradation des conditions d’accueil et de soins des malades et sur leur difficultés croissantes à assurer un service public de santé digne de ce nom, ne peuvent se satisfaire de ces « mesurettes » qui tentent d’apaiser leur colère. Les personnels savent que le gouvernement peut et doit lâcher plus : pour éviter la fuite des médecins dans le secteur privé plus lucratif, il vient d’attribuer aux praticiens hospitaliers 16 % d’augmentation de salaire dont une prime annuelle de 25 000 F ! Cette mesure-là est tout simplement écœurante, au regard des miettes que les socialos condescendent à distribuer aux autres catégories de personnel qui, elles aussi, contribuent, ô combien à l’efficacité de la santé. Le protocole qu’on leur propose ne répond pas à la crise profonde que traverse le système de santé ni aux revendications concernant les effectifs notamment.
C’est pourquoi certaines organisations syndicales comme SUD-CRC ont maintenu leur mot d’ordre de grève avec manifestation nationale à Paris le 14 mars. Pour que les choses changent vraiment à l’hôpital, la lutte doit continuer dans l’unité la plus large, soignants-soignés, syndiqués et non syndiqués.