Les actions se radicalisent dans le Gard

Ainsi, sept semaines de luttes n’auront pas ­ pour l’instant ­ suffit à infléchir la politique gouvernementale à propos des demandes des enseignants et des parents d’élèves en lutte dans le Gard et dans l’Hérault. En opposant le mépris, l’indifférence et la force de la répression aux agents du service public en lutte, l’État et ses gestionnaires déroulent un tapis rouge a une radicalité des moyens de luttes.

À coté des désormais traditionnels collages d’affiches, diffusions de tracts par milliers, pique nique devant la préfecture, assemblées générales, occupations d’écoles… se mènent des actions plus dures. Ces derniers jours, pèle-mêle, ont eu lieu : un blocage d’autoroute à Montpellier, une occupation (la 3e !) de l’inspection académique du Gard, la retenue pendant une heure du préfet du Gard à Bagnols, l’interpellation d’Élisabeth Guigou en visite à Nîmes, le cadenassage d’écoles a Alès… La presse locale évoque même des rumeurs de grèves de la faim ! Pendant ce temps, l’inspecteur d’académie du Gard menace un « certain nombre d’enseignants ». (1) Après le flottement relatif mais bien compréhensible des vacances scolaires, le mouvement a non seulement repris dans le primaire, mais il retrouve des taux de grévistes comparables à ceux du début du conflit !
 

Solidarité avec les agents des impôts en lutte

L’extension du mouvement est réelle. Le jeudi 9 mars, les collèges et écoles s’inscrivaient dans une Journée « école morte ». Vendredi 10, les syndicats du second degré organisaient une grève dans le secondaire. La progression du mouvement dans les collèges et lycées est très nette et permet d’affirmer aujourd’hui que le mouvement parti du primaire fait tâche d’huile et reste non catégoriel. Autre preuve : des enseignants et parents d’élèves ont manifesté a Montpellier devant un centre des impôts en grève, en solidarité avec les agents du trésor public en lutte. Même les parents d’élèves de la PEEP se joignent ici ou là aux revendications (2).

Autre extension, géographique, celle-là : le mouvement a gagné l’ouest du département de l’Hérault, les Pyrénées-Orientales… Ce samedi 11 mars la manifestation régionale qui a rassemblé 30 000 personnes est la preuve irréfutable que le mouvement prend aujourd’hui une dimension à caractère nationale. L’idée de grève générale est maintenant largement évoqué comme moyen indispensable pour faire plier Allègre et le gouvernement. Ce qui ne manque pas de mettre dans l’embarras les directions syndicales coincées entre la colère de leur base militante et le souci de ne pas déconsidérer la gauche plurielle.

Pour notre part, l’union régionale d la Fédération anarchiste appelle à l’extension du mouvement vers la grève générale. Notre critique exprime notamment le fait que l’État continue à désorganiser les services publics avec une logique d’hyper rationalisation sous couvert de contraintes budgétaires. Tour à tour, les postiers, les enseignants et le trésor public en lutte en font les frais. Et lorsque l’État cherche à calmer le secteur hospitalier, cela ne rattrape pas le retard (effectifs, locaux…) qui s’accumule depuis des années. En même temps, il prend sa place dans le processus économique au credo libéral (moins d’État, plus de marché) et renforce l’idée selon laquelle la lutte sociale et offensive ne mène à rien.

Sur le fond, rien ne sépare les licenciements de Michelin, Renault Vilvoorde avec la gestion étatique des services publics. L’État développe des logiques qui ne sont pas celles de la société que nous composons : affaiblir le secteur public, c’est favoriser la philosophie du « chacun pour soi », la compétition au détriment de la solidarité.

Tous ensemble, usagers, salarié-e-s du privé comme du public, nous devons lutter et capitaliser au fur et à mesure l’expérience nécessaire à ce que le rapport de force ne soit plus du coté des forces politiques ou économiques qui nous menacent. La peur doit changer de camp. Globaliser et fédérer les luttes, organiser la solidarité et le soutien, partager et débattre de nos inquiétudes, politiser notre quotidien reste l’affaire de tous. Dans l’immédiat, il faut pousser nos associations et syndicats vers la grève générale car la question des services publics est essentielle pour définir les rapports sociaux et humains. Décidons nous mêmes et imposons la satisfaction maximale de tous nos besoins. Nul besoin de politiciens, de gauche plurielle ou pas, pour cela.
 

Rassembler nos forces pour que la peur change camp

Chaque lecteur et lectrice du Monde libertaire peut et doit apporter sa contribution à ce mouvement, le temps presse. Mobilisons nos groupes, syndicats, associations de parents d’élèves pour soutenir par tous les moyens existants un conflit vieux de sept semaines qui en étonne plus d’un par son dynamisme et sa tenacité. Motions de soutien, réunions publiques ou intersyndicales, communiqués de presse, tracts collectes et envois de fonds aux grévistes, actions spectaculaires, envois de fax aux instances hiérarchiques, blocages de standards téléphoniques… La solidarité dans la lutte est possible et nécessaire, qu’elle soit un fait individuel ou collectif. Vous avez dit solidaires ?

Daniel. — groupe du Gard

(1) Midi libre du 9 mars
(2) Comme au collège des Mourions à Villeneuve.