CRISE DE FOI
Des sous et des saints
Rob Clemenz est chef d’entreprise de médaillons
de saints eux États-Unis. Son entreprise marche du tonnerre et on
peut même passer des commandes via Internet. Il faut dire qu’il y
a pour tous les goûts. Êtes-vous suicidaire ? Offrez-vous le
médaillon de saint Jude. Fanatique du percing ? Saint Sébastien,
mort transpercé de flèches, s’impose. Les buveurs de bière
ont celui de saint Florian. Certains associations ne sont pas de meilleur
goût. Ainsi sainte Agathe, dont la poitrine fut tranchée par
des soldats romains, est devenue la protectrice des femmes atteinte d’un
cancer du sein.
Mais les affaires restent les affaires… L’Église,
elle aussi entend bien se faire du beurre pendant le jubilé. Outre
les « produits dérivés », disque du pape, photo,
vierge en plastique et autres objets pour idolâtres, le Vatican a
déposé un logo officiel « jubilé 2000 »,
représentant cinq colombes. 130 entreprises ont eu l’autorisation
du Vatican d’apposer le logo « jubilé 2000 » sur leurs
produits. Mais rien n’est jamais désintéressé, même
pour l’Église, car en contrepartie ses entreprises devront reverser
6 % à 10 % de leur chiffre d’affaires à un fonds de solidarité
du Vatican, destiné à financer les célébrations
de l’an 2000.
Le pape a beau « dénoncer »
le capitalisme dit « sauvage et inhumain », comme si le capitalisme,
source de misère pour beaucoup et de profits pour d’autres pouvait
être juste et humain… Force est de constater, que en tant que manager
de l’Église, il sait s’y prendre. En effet voilà la seule
multinationale au monde qui ne produit rien, mais qui touche des millions
de la part des États et des entreprises. Un vrai miracle pour ces
marchands du temple.
Régis Boussières. — groupe Kronstadt
(Lyon)