Grève aux Finances
Une lutte déterminée
Comme nous vous l’annoncions dans le numéro
de la semaine dernière, la grève s’est amplifiée au
ministère des Finances jusqu’à la manifestation nationale
du 16 mars qui a rassemblé environ 25 000 grévistes dans
les rues de Paris, plus de un fonctionnaire sur deux était en grève
et la plupart des sites sont fermés par des piquets de grève.
Ceux-ci perturbent fortement la campagne d’information de l'impôt
sur les revenus de 1999.
Il faut préciser que depuis le 1er
mars, date du début de l’action la plus dure, le ministre des Finances
Christian Sautter n’a rien fait pour stopper ce mouvement. Il est clair
qu’il n’a chercher qu’à gagner du temps, espérant faire passer
sa réforme auprès des syndicats. À aucun moment, il
n’a reculé sur la mission 2003 (nom du projet de réforme
du ministère). Il a même tenu un double langage lorsqu’il
a ouvert de pseudo négociations. Pour les organisations syndicales,
il gelait son projet, et dans un courrier aux directeurs départementaux
des services fiscaux il écrivait le contraire. Toutefois les grévistes
ne renoncent pas et restent mobilisés après l’intervention
télévisée de Jospin le 16 au soir. Les négociations
vont peut-être enfin s’ouvrir dans la clarté puisque les fédérations
syndicales vont être reçues avec comme préalable la
mise de côté de cette réforme.
L’acharnement du ministère pour cette
réforme s’explique du fait que nous sommes de plus en plus intégrés
dans l’économie libérale de l’Union européenne. Le
fisc français doit s’harmoniser avec celui des autres pays de l’Union
et dont l’esprit n’est pas d’aller vers plus de justice fiscale qui signifierait
de faire plus payer les plus gros revenus. Un autre facteur est bon à
préciser pour mieux appréhender l’objet de ce projet. En
effet, il se situe dans le cadre de la réforme de l’État
(réduire les coûts, donc les effectifs) et de l’aménagement
du territoire (création de syndicats de communes) qui prendra forme
comme par hasard en 2003.
Bien que solidement ancrée, cette grève
n’est quand même pas facile car la hiérarchie locale essaie
de casser le mouvement en faisant pression sur les encore non-grévistes
pour qu’ils ne rejoignent pas le mouvement. Les chefs locaux tentent de
contourner les piquets de grève surtout vis-à-vis de l’information
impôt sur le revenu. Elle crée des permanences dans d’autres
services publics comme la Poste. Mais là la solidarité s’est
exprimée puisque selon les endroits des syndicats de la Poste, CGT,
CNT ou SUD sont intervenus en expulsant ces non grévistes des locaux
de la Poste.
À ce jour, la balle est dans les mains
des syndicats qui dans les négociations doivent se conformer aux
revendications des assemblées générales de grévistes.
Nous vous rendrons compte la semaine prochaine des négociations
en cours.
Philippe. — groupe Camille Pissaro du Val
d’Oise