Nouveau roi de France, TotalFinaElf siège
au Louvre
Alors que Total affiche une santé rayonnante
et que les actionnaires de Total encaissent et vont encaisser les dividendes
de leur participation au capital de la quatrième entreprise pétrolière
mondiale, il est indécent de penser que le littoral atlantique patauge
encore dans les restes d’un accident écologique, économique
et social majeur. Il est odieux que les profits soient systématiquement
privés et redistribués à une poignée de rentiers
et de zinzins, (dont la Cogéma-carburant nucléaire, un des
3 ou 4 plus gros actionnaires, excusez du mélange des genres !)
pendant que les pertes et les dégâts sont toujours à
la charge de la collectivité.
C’est la raison pour laquelle la Coordination
des Collectifs Marée noire (Vendée, Nantes, Vannes, Lorient,
Quimper) avait envoyé une lettre ouverte aux actionnaires et surtout
comptait intervenir, à sa manière, dans les ronrons feutrés
d’une Assemblée Générale de congratulations réciproques.
Un ostréiculteur actionnaire provisoire
Infos-Birmanie, sur les pas de Total depuis
6 ans, détenteurs d’actions afin d’intervenir systématiquement
dans leurs AG., avait proposé à la Coordination Marée
noire de profiter de l’opportunité pour intervenir. L’invitation
ne pouvait décemment pas être ignorée. Jérôme,
ostréiculteur dans le Morbihan, était mandaté pour
poser la question qui tue et qui ne pouvait pas recevoir de réponse,
on s’en doute : « Total peut-il reconnaître sa responsabilité
illimitée en la matière ? » Demarest, après
s’être informé sur la réalité du statut d’actionnaire
de Jérôme, en vareuse et casquette, a répondu sans
répondre que le Fipol par ci le Fipol par là. Pas de surprise.
Mais la succession d’intervenants de mauvais goût (Infos-Birmanie,
un vendéen teigneux, Greenpeace et la Coordination Marée
noire) jetait un froid dans une assemblée de gens plus inquiets
de leurs investissements que soucieux des damnés de la terre et
d’une terre vouée à l’enfer écologique.
La Confédération paysanne, membre
de la coordination et toujours inventive en « happening revendicatif
», avait prévu une bâche de maraîchers noire qui
fut déroulée en partie sur la pyramide du Louvre puis vers
l’entrée du Caroussel. Là, quelques syndicalistes venus brailler
contre la fusion étaient descendus avec nous. Le spectacle de citoyens-manants
tambourinant contre les portes de la forteresse Total était hautement
symbolique.
Action citoyenne et agressivité policière
Ce qui l’était tout autant c’est la
venue discrète d’une cinquantaine de CRS blindés, casqués,
qui ont coincé les militants des Collectifs Marée noire ainsi
que d’Infos-Birmanie. En fait les flics, rageant de s’être fait duper
sur nos intentions, voulaient coffrer les copains de la Confédération
paysanne. Plus question de sortir, ni pour nous ni pour les journalistes
présents, à ce moment tous sous l’autorité du préfet
de police. L’attitude arrogante et provocatrice du commissaire frustré,
a rapidement fait monter la pression et l’un des militants de la confédération
s’est retrouvé à prendre ce commissaire par la cravate et
le regarder dans le blanc des yeux. Confusions, coups et claques suivis
par le passage de menottes au copain pendant lesquels le flic en question
se retournait judicieusement le petit doigt ce qui permettrait ultérieurement
de coffrer l’ami pour coups et blessures.
L’arrivée rapide des responsables nationaux
de la Confédération paysanne et d’Attac, la présence
sur place des portes paroles des Verts, ravis d’être vu en si bonne
compagnie (c’est quand même cool et confortable d’être avec
les manifestants d’un côté mais d’avoir son chef de meute
au gouvernement) n’ont rien changé à la donne. Un flic buté
et trompé est définitivement mauvais joueur et Jean Vicq
s’est retrouvé au commissariat des Halles. Nous aussi, rapidement
rejoint par des militants de tous horizons. Une heure après libération
et inculpation. La « justice » suit son cours. La solidarité,
aussi, suivra.
Il apparaît clairement que l’Etat s’avère
bien plus soucieux de permettre le déroulement « serein »
de l’AG d’un groupe pétrolier plutôt que d’obliger celui-ci
à payer son dû. Il faut dire que c’est la dernière
chose qu’on demande à l’Etat d’être : un garde-chiourme et
le bras armé du capital !
Bruno. — Groupe libertaire René Lochu
(Vannes)