Lille : 8 mars antipatriarcal et anticapitaliste
Nous étions plus de deux cents, femmes
et hommes, le 8 mars dernier à défiler dans les rues de Lille
à l’appel du Collectif régional des Droits des Femmes (1).
C’est dire le succès mitigé de ce rendez-vous annuel des
luttes de femmes. Car, s’il est vrai que le Collectif régional rassemble
une foule de signataires, dont celles des ténors de la gauche plurielle,
il est tout aussi vrai que, hormis tout le bruit que font ces grosses organisations
autour de la parité politique, elles ne se pressent pas beaucoup
pour défiler dans les rues avec les femmes. Le gros du cortège
était constitue, ce soir-là, soit d’individus sans organisation,
soit du Collectif des « Sans », collectif lancé sur
Lille pour la marche de Cologne en mai dernier, et qui rassemble, entre
autres, AC!-Lille, le Comité des sans-papiers, la CNT. la FA de
Lille. Et le gros des troupes, dans le Collectif des Sans, c’était
bien évidemment les sans-papiers.
Depuis plusieurs mois, le groupe de la
métropole lilloise de la F.A. tente de faire monter sur Lille une
mobilisation réellement antipatriarcale et anticapitaliste autour
de la Marche mondiale des Femmes, en marge des collectifs d’organisation
« gauche plurielle ». Cette démarche a permis de mobiliser
le collectif des Sans autour de la question et ouvert le débat au
sein des organisations qui le composent sur la nature réelle de
la société patriarcale et capitaliste.
Nous avons donc lieu d’être satisfaits
de ce qui constitue pour nous un premier succès, même si le
chemin reste encore long. C’est ainsi que de nombreux sans-papiers ont
choqué les manifestant-e-s en entonnant, en fin de manifestation,
le slogan « Des femmes pour tous » sur le même air et
le même ton que « Des papiers pour tous ! ». Nous avons
expliqué en assemblée générale du comité
des sans-papiers notre désappointement face ~ ce qui constitue pour
nous une incompréhension profonde, de la part de certains sans papiers,
de ce qu’était notre lutte ce soir-là. Le débat est
maintenant lance au sein même du comité. Et cela constitue
pour nous un réel progrès. Reste maintenant à poursuivre
la mobilisation pour la marche nationale de juin à Paris.
Bertrand Dekoninck. — groupe métropole
lilloise de la F.A.
(1) La F.A. n’est pas signataire de ce collectif.