35 heures : grève des informaticiens à Toulouse

Travailler moins pour Travailler tous pour Vivre mieux

Tel est le slogan de l’intersyndicale des salariés des SSII (1) toulousaines. Mardi 21 mars : Près de 400 salariés de plusieurs SSII toulousaines en grève ont pris l’apéro devant le MEDEF Toulouse. Puis, le président du MEDEF 31 et la déléguée régionale ont été séquestrés à partir de 15 h, seul moyen de mobiliser les médias. Les locaux du MEDEF avaient déja été investis par 1000 personnes le 16 décembre 1999. Les salariés veulent obtenir l’assurance de négociations sur les 35h à partir d’une plate-forme commune. À 20 heures les CRS interviennent et délogent la quarantaine de personnes assurant le premier quart de la nuit.

Mercredi 22 mars, c’est au Conseil Régional de recevoir la visite des grévistes. « Il paraît que les socialistes nous approuvent et nous soutiennent ! On est allé vérifier… » explique un militant. On n’était pas habitué à voir une profession constituée d’environ 70 % d’ingénieurs faire le coup de force dans les instances patronales ou politiques. Mais la perspective d’une réduction du temps de travail assortie à la création d’emplois a amené nombre d’entre eux à réfléchir à leur vie professionnelle et privée (voir titre qui résume bien leur état d’esprit). L’espoir suscité par cette loi Aubry a été vite déçu ; Bref historique des pseudo-négociations :
Le 8 janvier 1999, Lancement des négociations 35 heures de la branche. Le 19 mars 1999, un texte commun est présenté, sous la forme d’une plate-forme en dix points, dont les principaux sont les suivants : Durée du temps de travail 35 h, deux jours de repos consécutifs, amplitude maximale quotidienne (déjeuner inclus) de 11 h, durée maximum quotidienne de 9 h, pouvoir d’achat conservé, heures supplémentaires comptées à partir de la 36e heure et imputées sur le contingent d’heures qui est ramené de 130 h à 65 h annuelles, 24 j minimum de RTT, créations d’emploi sur la base de CDI.
 

L’accord des 35 heures induit des reculs

Bien entendu, le patronat ne l’entend pas de la même façon et fait une contre-proposition basée sur une flexibilisation accrue des salariés. Un nouveau protocole d’accord parvient aux organisations syndicales. Il apparaît qu’il serait issu de discussions téléphoniques entre la CGC, la CFTC, la CFDT et le patronat ; des conversations « non officielles » donc.

Le 22 juin 1999, Une réunion syndicats-patronat débute à 10 h, la CGT démonte point par point l’accord. À 20 h 30 une suspension de séance permet de voir que seule la CGC serait prête à signer au motif que l’accord est « interressant ». À 3 h du matin, L’accord est signé par la CGC et la CFDT ! Champagne !

Ecoeurées par de telles pratiques, la CGT et FO demandent la non extension de l’accord et entament une action en justice. En attendant le jugement au TGI de Paris prévu pour le 14 décembre 1999, l’été est mis à profit pour faire signer des pétitions, informer, discuter. En Novembre et décembre, vastes mouvements de protestation dans toute la France des informaticiens. Le mouvement est particulièrement suivi à Toulouse.

Le 14 décembre 1999, L’accord SYNTEC est examiné par le TGI de Paris. Celui-ci a reporté sa décision au 8 février 2000. Ce jour-là, le tribunal reporte sa décision au 21 mars. Il désire un complément d’information par rapport à la loi Aubry II et à la décision du Conseil constitutionnel ! Le 21 mars, c’est le printemps, et nouveau report de la décision du TGI au 16 mai.
 

La plupart des grévistes ne sont pas syndiqués

Toutes ces péripéties, qui ont découragé certains salariés, ont amené les plus combatifs à radicaliser leurs formes d’actions tout en se méfiant des grandes centrales syndicales, qui fricotent un peu trop à leurs yeux avec les élus politiques et les représentants patronaux, en secret qui plus est. D’ailleurs, le plus gros contingent des grévistes est constitué de non-syndiqués. Le message que tente de faire passer un délégué CGT rencontré est que l’organisation syndicale est nécessaire pour agir. Oui, mais trop de compromissions et de calculs politiques, ainsi qu’un soutien non masqué à la gauche plurielle éloignent de plus en plus les salariés de ces syndicats aux permanents si peu préoccupés de la véritable démocratie au sein des structures syndicales qu’ils « représentent ».

En ce qui nous concerne, nous soutenons les salariés en lutte pour plus de justice sociale, en attendant l’égalité économique et sociale pour tous.

Groupe Albert Camus, avec le concours de JB, militant CGT toulousain

(1) SSII : Société de Services en Informatique Industrielle.