Victoire aux Finances ?

L’annonce du retrait de la réforme du ministère des Finances le 20 mars au soir a pris de court toutes les parties impliquées dans ce conflit mais a été ressenti comme une grande victoire par les piquets de grève le 21 au matin, l’allégresse faisait suite au rejet total du résultat minable des négociations des 17 et 18 mars. Ce rejet par les assemblées de grévistes était accompagné d’une recrudescence du nombre de grévistes et des piquets de grève et d’une injonction aux différentes fédérations syndicales des Finances de ne plus sombrer dans des négociations marathons pour de maigres gains.

Il n’y avait aucun doute pour les fonctionnaires des Finances que Sautter devait retirer sa réforme (enfin plutôt celle de Strauss-Khan qui a totalement été épargné de ce gâchis par la presse) pour en construire une nouvelle avec les personnels. C’est en effet un puissant mouvement de rejet qui a traversé le ministère. N’oublions pas qu’il y a environ 180 000 agents répartis sur plusieurs milliers de sites qui sont entrés dans une action très dure en deux-trois jours, sans un énorme travail syndical de mobilisation. La pression des grévistes ne s’est jamais démentie. Surtout les atermoiements du ministre et son double langage n’ont fait que renforcer la détermination et l’extension du mouvement.

Aujourd’hui, le projet est définitivement retiré pourtant la grève ne s’est pas arrêtée du jour au lendemain. Elle s’est peu ) peu stoppée tout au long de la semaine dernière car au-delà de la victoire un certain malaise persistait car tous les grévistes savent qu’une réforme doit se faire, mais pas sans eux et avec des objectifs sociaux et non pas libéraux d’abandon des missions de service public.

Personne n’est dupe que l’abandon du projet vient d’une décision de Jospin qui devait impérativement annoncer ses projets pour notre système de retraites et particulièrement exemplaire qui a certes bénéficié d’un environnement politique favorable du fait des échecs électoraux socialistes et des prétentions élyséennes de Jospin mises à mal par les tensions sociales actuelles.

Les agents des finances sont aujourd’hui encore inquiets pour leur régime de retraite et la mise en place des 35 heures, ce tremplin pour l’annualisation du temps de travail et la perte de leurs acquis statutaires.

Philippe. — groupe Camille Pissaro du Val d’Oise