éditorial
Alors que les députés avaient
adoptés, le 10 février dernier, un amendement sur l’enregistrement
sonore des gardes à vue, les sénateurs viennent de refuser
la réforme de la garde à vue. Pour les flics et les magistrats,
cela reviendrait ni plus ni moins à paralyser l’institution judiciaire.
De Chevènement aux syndicats, tous redoutent une explosion de la
délinquance si une telle mesure entre en vigueur. Déjà
en 1993, la plupart de ces adeptes des coups de matraque et de bottin prédisaient
la fin du système pénal quand les avocats ont eu le droit
d’intervenir à la vingtième heure de garde à vue.
Il n’en a bien sûr rien été. Flics et matons assassinent
encore impunément.
C’est ainsi que récemment l’institution
judiciaire a envoyé au mitard un prisonnier malade. Il est mort
la semaine dernière.
Pour autant, il est illusoire de croire
que les enregistrements sonores ou même vidéo des gardes à
vue empêcheront les violences policières car celles-ci se
poursuivraient alors à l’abri des micros et des caméras.
Détention arbitraire, la garde à vue vise à casser
les individus. Impossibilité de communiquer, voire de se soigner
pendant de longues heures, cellules crades et exiguës, à cela
il faut ajouter les brimades et vexations, tel est l’univers quotidien
que réserve la police à toute personne qui passe entre ses
mains. Les flics ne se cachent pas d’humilier les individus puisqu’ils
viennent maintenant jusque dans les lycées, comme à Lyon,
expliquer à la jeunesse ce qui l’attend lorsqu’elle enfreint la
loi sur les stupéfiants et en particulier le cannabis. Dans ce cas
comme en matière de terrorisme, l’intervention de l’avocat ne se
fait d’ailleurs qu’à la 72e heure, preuve supplémentaire
de l’inefficacité de la loi autorisant l’intervention de l’avocat
après vingt heures de garde à vue.
De même, la présence de l’avocat
dès la première heure de garde à vue que prévoit
le projet de loi sur la présomption d’innocence ne changera rien
non plus. Elle ne s’applique pas aux affaires de stupéfiants, de
terrorisme, de bandes organisées et de proxénétisme
et l’avocat ne pourra toujours pas accéder au dossier et assister
aux interrogatoires. Ce ne sont pas des réformes qui mettront fin
aux brutalités policières. Au contraire. En ces temps où
la misère gangrène la société, la chasse aux
pauvres et aux militant-e-s s’intensifie de jours en jours. Et on ne peut
que vous recommander la lecture du « Petit guide des situations délicates
», brochure du groupe grenoblois Jules-Vallès de la Fédération
anarchiste.