Nantes
Encore une regrettable erreur d'interprétation
de la préfecture…
Charlotte Essebe, étudiante Camerounaise,
a, (comme tant d’autres…) vu sa vie bouleversée par un simple courrier
: le 15 décembre dernier, elle recevait en effet une invitation
à quitter le territoire, la préfecture de Nantes refusant
de renouveler sa carte de séjour étudiante.
Inscrite en licence de sciences du langage
à Nantes. Charlotte élève seule ses deux enfants (nés
en France), depuis que son mari est reparti au Cameroun, mais passe les
examens et assiste aux cours avec toute l’assiduité réclamée
par l’institution. Ce qui n’a pas empêché la préfecture
de prétexter un « manque de sérieux clans ses études
» et « l’absence de préjudice disproportionné
sur le plan du respect au droit à mener une vie familiale normale
» ! Ne voulant croire qu’à une simple erreur, Charlotte n’a,
dans un premier temps, pas vraiment cru au pire, et fait un recours gracieux
auprès de la préfecture… Recours qui allait être rejeté
le 7 mars dernier : elle risquait dès lors à tout moment
l’arrestation et l’expulsion. Ses deux enfants (qui ne sont en théorie
pas expulsables) auraient été confiés à la
D.A.S.S… ou auraient accompagné leur mère de centre de rétention
en tribunal administratif, de tribunal en aéroport…
Merci Chevènement : même
tout-e petit-e on peut comprendre les vraies valeurs de la République.
Dès lors l’information circule et un
collectif de soutien se met rapidement en place : réunions d’information,
interventions auprès de la présidence de l’Université,
bars « sauvages » pour payer les frais d’avocat… Les pétitions
de soutien recueillent bientôt 2 500 signatures rien que sur le site
des facs de lettres et droit. Profs et étudiant-e-s sont particulièrement
interpellé-e-s sur le point suivant : qui décide de la légitimité
des études ?
Un changement de filière ou un redoublement
peut aujourd’hui amener l’expulsion d’un-e étudiant-e… Depuis la
circulaire Sauvé-Marchand, le rôle des préfectures
a été renforcé et interfère avec celui du Rectorat
et de l’université : peut-on accepter cette mise sous tutelle ?
Appel à rassemblement est dès
lors lancé pour le 29 mars, jour choisi pour déposer les
pétitions et demander une entrevue au préfet. Le jour dit,
400 personnes sont présentes devant la préfecture, chantant
et scandant sans relâche leur opposition aux expulsions : la délégation
d’étudiant-e-s et profs nous apportait bientôt la réponse
du secrétaire général : Charlotte allait être
convoquée la semaine suivante pour se voir remettre la carte de
séjour… La première décision n’était qu’une
erreur « technique »… vous savez ce que c’est, « on ne
peut pas être derrière chaque secrétaire… » (sic).
Rien de tel qu’une petite mobilisation pour ouvrir les yeux de l’administration…
Cette petite victoire ne doit démobiliser
personne : le collectif de défense s’appelant « Pour Charlotte
et pour les autres », est devenu le lendemain « Collectif nantais
de défense des étudiant-e-s sans-papiers. » Hasta la
victoria…
Jeanne. — groupe de Nantes de la F.A.