Saint-Denis
Des C.R.S. à l’université
Pour mettre fin à leur situation irrégulière,
des étudiants sans-papiers de l’université de Saint-Denis
groupés autour du CLESP (Comité de lutte des étudiants
sans-papiers) occupent un amphithéâtre et déploient
leurs banderoles : « carte d’étudiant = carte de séjour
». C’était il y a plus de deux mois.
Ils se heurtent d’abord à l’indifférence
du personnel de l’université et des enseignants qui les traitent
de jusqu’au-boutistes. Quelques violences rendent la situation un peu plus
difficile encore. Le 9 mars, un membre du CLESP est arrêté
à la gare Saint-Lazare lors d’un contrôle d’identité
(il est libéré grâce à la mobilisation rapide
du CLESP et de ses soutiens). La lutte s’enlise. Des barricades sont installées
pour sensibiliser les étudiants : le 21, le président Renaud
Fabre fait évacuer l’université. Le 23, de nombreux professeurs
et étudiants participent à une A.G. du CLESP et prennent
une résolution concrète : des dossiers seront constitués
conformément à ce que demande la préfecture, qui accepte
de les reconsidérer avec bienveillance. C’est une sorte de compromis
accepté par le CLESP (qui demande une régularisation collective),
mais du moins la lutte semble sortie de l’impasse.
C’est précisément le moment
que choisit le président pour faire évacuer l’amphithéâtre
X (dans la nuit de dimanche à lundi 27 mars). Les étudiants
sans-papiers se rendent alors dans les bâtiments de l’administration,
où le président refuse de les recevoir, essayant même
de faire passer cette action pour une séquestration avec dégradation
de matériel (cette plainte, bien peu crédible, est retirée
le lendemain). Mais cette fois-ci, il fait de nouveau appel aux forces
de l’ordre pour déloger le CLESP de l’amphi Y où il s’était
réfugié : 70 personnes sont interpellées et conduites,
menottées, par la B.A.C. et les C.R.S. au commissariat de police
de Saint-Denis ; 31 d’entre elles (dont 9 sans-papiers) sont identifiées
par des témoins cachés (quel courage !) et maintenues en
garde à vue avant d’être libérées le 29.
Aujourd’hui, quatre sans-papiers sont mis
en examen et risquent d’être expulsés. À Saint-Denis
la lutte a pris des proportions plus larges : c’est le rôle de l’université
qui se joue en ce moment, et la possibilité pour chacun d’étudier
dans le pays qu’il a choisi.
Caroline. — Claaaaaash