Dijon
Bavures policières : violences ordinaires
Vers 21h15, dans la nuit du 20 au 21 mars,
trois agents de police sont entrés sans frapper et sans mandat dans
le squat situé 3 rue Saumaise à Dijon, prétextant
un incendie dans les lieux. Les policiers ont pu constater d’eux-mêmes
que cet « incendie » n’était qu’un brasero qui fumait.
Les habitant-e-s de l’immeuble les ont reconduits à la sortie, indigné-e-s
de leur entrée dans les lieux sans même sonner ni frapper.
Les policiers ont alors appelé du renfort
et les pompiers, malgré leurs constatations concernant le feu. L’immeuble
situé 3, rue Saumaise est occupé depuis octobre 1999 et est
actuellement en fin de procédure d’expulsion : les habitant-e-s
craignaient que le prétexte de l’incendie ne soit utilisé
pour expulser (illégalement) le squat. Très rapidement, plusieurs
véhicules de police investissent la rue et empêchent l’accès
à l’immeuble. Les pompiers arrivent à leur tour, prêts
à intervenir. Un rassemblement spontané a lieu, mêlant
sympathisant-e-s, voisin-e-s et curieux-ses. A ce moment, un habitant du
lieu décide d’ouvrir la porte pour dialoguer et éventuellement
permettre qu’un pompier puisse lui-même constater l’absence d’incendie.
A peine a-t-il franchi la porte qu’il se fait
traîner dehors par un groupe de quatre policiers qui le tabassent
sauvagement pendant plusieurs minutes, et ce devant plusieurs témoins,
le tout sans avertissement et sans motif. Il est placé en garde-à-vue,
après avoir été emmené aux urgences du SAMU.
Pendant toute cette garde-à-vue, nous n’avons pu connaître
le motif de son arrestation, malgré nos nombreux passages et coups
de téléphone au commissariat.
Lors de ses 36 heures de garde-à-vue,
notre camarade a subi des pressions comprenant mensonges, menaces et intimidations
physiques, dans le but de l’inculper et de disculper les quatre policiers
tabasseurs. Le lendemain, un autre habitant qui se rendait au commissariat
a été reconnu et également placé en garde-à-vue.
Motif : son chien aurait la veille mordu un policier pendant le tabassage.
Ceci est faux : il a été manifestement arrêté
parce qu’il habite au 3, rue Saumaise. La presse a couvert la version policière
pour mieux enterrer l’hypothèse de la bavure.
Brutalités policières
Encore une fois, RIEN ne justifiait le tabassage
et l’arrestation de nos deux amis. Les habitant-e-s de l’immeuble ne se
sont pas montré-e-s aggressif-ve-s envers les policiers. Par contre,
ils/elles refusent que leurs droits fondamentaux soient bafoués
(exemple : la violation de leur domicile).
Depuis déjà quelques mois, la
répression s’est accentuée contre les squatteurs/euses et
libertaires du quartier Jeannin.
Voici en vrac ce que nous subissons :
- multiplication des contrôles d’identité.
- arrestations arbitraires de colleurs/euses
d’affiches.
- surveillance constante.
- insultes et harcèlements des
policiers de la BAC et des patrouilles de nuit.
Depuis quelques temps, des groupes de
personnes, pour la plupart précaires, chômeurs et chômeuses,
RMIstes, étudiant-e-s,… prennent leur existence en main, et ouvrent
des bâtiments à l’abandon, en respectant le code de procédure
pénale. Les squatteurs et squatteuses de Dijon se sont toujours
montré-e-s pacifiques. Occuper des bâtiments vides correspond
pour nous à un double besoin : d’un côté l’aspect pratique,
car nous ne voulons pas vivre dans des cages à lapins, foyers ou
autres logements précaires ; et de l’autre, un aspect qui reflète
notre pratique libertaire, en faisant de ces bâtiments vides des
lieux d’expérimentation sociale. Nous voulons vivre autre chose.
Le squat est l’expression concrète de nos aspirations politiques
et sociales.
De par nos convictions antiautoritaires, et
du fait que, indépendamment du squat en tant que mode de vie, nous
sommes pour la plupart militant-e-s, nous devons faire face à l’hostilité
affichée de la police. Nous représentons une crainte pour
eux, à cause de l’agitation théorique, et dans une moindre
mesure, de l’agitation sociale que nous animons.
Squatter est une pratique en rupture radicale
avec l’idée du « bon citoyen rangé » que nous
sommes censé-e-s devenir.
Il semble que la police veuille nous écraser,
pour nous empêcher de diffuser notre message, et parce que nos pratiques
sont la preuve que l’on peut s’organiser seul-e-s, sans chefs, sans institutions
ni subventions.
Dans la nuit du 20 au 21, la police nationale
a largement outrepassé ses droits. Elle a fabriqué une histoire,
fait pression sur les arrêtés dans le but évident de
couvrir leurs bavures et violences. Nos deux amis vont comparaître
devant le Tribunal de grande instance le 4 avril prochain. Venez nombreux
et nombreuses les soutenir !
Cet événement nous pousse à
réagir et à ne surtout pas nous résigner. La brutalité
policière est constante et a atteint un nouveau degré sur
l’échelle de l’intolérable. Contrairement aux victimes de
violences policières, poussées à se taire, nous allons
crier plus fort. Nous appelons les nombreux témoins de la scène
de lundi dernier à nous donner leur version des faits. N’hésitez
pas à nous contacter…
Des habitant-e-s du 3, rue Saumaise et des
solidaires mécontent-e-s