CRISE DE FOI
Notre mort nous appartient !
Le Comité d’éthique pour les
sciences de la vie et de la santé a proposé dans un avis
rendu public le vendredi 3 mars d’instaurer une « exception d’euthanasie
». En cas de procédure judiciaire, une commission étudierait
les circonstances de l’assistance à la mort. Ces pratiques doivent
cependant être réservées aux cas extrêmes et
respecter la demande « authentique » du patient. Le professeur
François Lemaire affirme que, dans les services de réanimation,
« 50 % des décès sont liés à l’euthanasie
passive ». En résumé, on débranche le patient
quand il n’y a plus rien d’autre à faire. Cette pratique est à
l’heure actuelle fermement interdite par la loi. Outre ces cas, nous devons
affirmer que le choix de mourir appartient au patient. Nul n’a le droit
de l’obliger à vivre, si il n’en éprouve plus l’envie ni
la volonté.
Les religieux sont opposés à
cet avis du Comité d’éthique. Ainsi, La Croix du 6
mars a consacré deux pages entières sur le sujet, en réaffirmant
le bienfait des soins palliatifs jusqu’au bout. Car pour Mgr Billé
« il n’a jamais d’acharnement thérapeutique ». L’argumentation
se poursuit ainsi : « Tu ne tueras pas est un commandement de Dieu.
C’est aussi le fondement de toute vie sociale respectueuse d’autrui ».
Que des croyants veulent obéir aux dogmes de leurs Églises,
en refusant jusqu’au bout le recours à l’euthanasie, c’est leur
affaire. Mais ils n’ont pas à l’imposer aux autres, c’est cela «
respecter la vie d’autrui ». L’Église refuse aux individus
le droit de choisir de continuer à vivre ou non. C’est que, pour
l’Église, quelles que soient les circonstances et les raisons :
l’individu n’a aucun droit, il doit se soumettre à la loi de Dieu,
donc de l’Église.
La Croix du 7 mars remet ça
avec un dossier de 4 pages sur l’euthanasie. Celle-ci est « une grave
violation de la loi de Dieu ». On lit aussi que « La vie humaine
est sacrée parce que, dès son origine, elle comporte “l’action
créatrice de Dieu” […]. Dieu seul est le maître de la vie
de son commencement à son terme : personne, en aucune circonstance,
ne peut revendiquer pour soi le droit de détruire directement un
être humain innocent. »
L’Église est simplement opposée
au droit de disposer de sa vie ainsi que de sa mort. Cela s’appelle du
totalitarisme.
Régis Boussières. — groupe Kronstadt
(Lyon)