Nouvelle cagnotte... à l’U.N.E.D.I.C.

Il n’y a pas que les caisses de l’Etat qui sont pleines : celles du régime d’assurance-chômage, l’U.N.E.D.I.C., elles aussi, débordent ! L’excédent pour cette année est estimé à 6 milliards de francs. L’an prochain, la cagnotte s’élèvera à 14 milliards. De quoi réjouir tous les chômeurs qui ne touchent aucune indemnité ! En effet, au fil des années, avec la complicité des grandes confédérations syndicales et sous la pression du patronat, le taux de couverture par le régime d’assurance-chômage des personnes privées d’emploi n’a pas cessé de diminuer passant de 50 % en 1993 à 41 % en 2000. En clair, cette année, 59 % des chômeurs ne sont pas couverts par l’U.N.E.D.I.C. ! Contrairement à la cagnotte fiscale, les excédents à l’U.N.E.D.I.C., ce n’est pas nouveau. Déjà en 1994, 1995 et 1996, le régime s’était offert quelques surplus (8,7 milliards de francs en 1994 ; 22,4 en 1995 et 10,3 en 1996). Parallèlement, les chômeurs voyaient leurs prestations se réduire : renforcement de la dégressivité des indemnités, durée de cotisation plus longue requise pour obtenir quelques sous, etc.

Les gestionnaires syndicaux, sous la surveillance patronale du MEDEF devaient, mardi 4 avril dernier, se pencher sur l’affectation de ces excédents. Ils ont jusqu’à fin juin pour prendre une décision. À cette occasion, les patrons ont rappelé leurs exigences : pas question d’augmenter les prestations ou d’accroître le nombre d’allocataires. Ils souhaitent mettre en place un « Contrat d’aide au retour à l’emploi ». Cela consisterait à proposer aux chômeurs un bilan de compétences suivi d’une proposition d’emploi ou d’une formation… En cas de refus « répétés », les allocataires perdraient leurs indemnités ! C’est ce que les patrons appellent : « le traitement économique du chômage »…

Toujours plus, le M.E.D.E.F. veut en profiter pour demander de nouveaux contrats de travail. Il veut en finir avec les contrats à durée indéterminée (CDI). Il revendique des CDI à durée maximum de cinq ans ! Plus grande souplesse du salariat, faire face aux pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs économiques, le M.E.D.E.F. ne fait pas dans la dentelle quand il s’agit de défendre ses intérêts.

En face, les mêmes clowns syndicaux s’apprêtent à avaliser leurs demandes. La CFDT, la CFTC et la CGC ne sont pas opposées à la fin de la dégressivité des indemnités et verraient d’un bon œil cette obligation à retrouver le plus rapidement possible un emploi. Vieille rengaine social-chrétienne qui sous-tend que tout chômeur est un fainéant en puissance !

Pour ceux et celles qui croiraient encore aux vertus de la cogestion, à l’heure où le M.E.D.E.F. veut quitter les organismes paritaires, il est bon de rappeler que toutes les galères des demandeurs d’emploi (baisse des indemnités, non recouvrement par l’assurance-chômage d’une large majorité d’entre eux), ils le doivent à tous ces technocrates syndicaux qui siègent dans les organismes paritaires. Un exemple pour mémoire : c’est madame Notat, secrétaire générale de la CFDT, qui, en 1992 avait le principe de l’allocation unique dégressive estimant que « l’indemnisation doit jouer un rôle actif dans le reclassement des chômeurs » (illustration parfaite de la doctrine sociale chrétienne : un chômeur bien payé ne répond plus au Capital !).

À lire et écouter patrons, syndicalistes et ministres, les solutions qui risquent d’être retenues sont les suivantes : on ne touche rien au système d’assurance chômage, aussi injuste soit-il et on prend quelques mesurettes pour « améliorer » la situation des salariés précaires. La philosophie restant la même : galère maxi pour les chômeurs, suivie pour les précaires ! À moins que les organisations de chômeurs bousculent ce triste scénario !

Alain Dervin. — groupe Pierre-Besnard