Sortie immédiate du nucléaire

Entre le nucléaire et la culture du secret, c’est une longue histoire d’amour puisqu’ils s’apprêtent à fêter leurs noces d’or.
• Septembre 1951, création de la section atomique au sein de la Direction des Études de Fabrication de l’Armée de terre (DEFA)
• Juin 1952, décision de construire les premiers réacteurs plutinogènes de Marcoule
• 1958, décision de la construction de Pierrelatte pour l’uranium enrichi
• Février et Avril 1960, premières bombes atomiques françaises
• Décembre 1960, première loi de programmation militaire.
La République française, si fière de se proclamer démocratique vote en 1960 un projet débuté dix ans plus tôt !
Si l’origine militaire du programme nucléaire français explique en partie cet amour du secret, elle ne l’explique qu’en partie. Le délire du nuage radioactif de Tchernobyl qui s’arrête à nos frontières, l’absence remarquée d’informations à propos des accidents et incidents nucléaires (plus de 400 en 1998 en France), le black-out total sur les séquelles en Ukraine de l’explosion de Tchernobyl ou plus récemment sur l’explosion survenue au japon (le nuage dégagé a sûrement dû s’arrêter encore à nos frontières !). Autant de mystères non militaires. Une autre question se pose alors : comment peut-on espérer que la communauté nucléophile, habituée depuis 50 ans au secret, deviendra subitement une adepte de la transparence pour tenir au courant la population des moindres modifications du sous-sol en cas d’enfouissement ?
 

Résister à la technocratie d’EDF et de l’État

Car transparence il devra y avoir pour être sûr-e que les eaux souterraines ne soient pas contaminées, pour être sûr-e qu’il n’y ait pas de fuites et surtout pour garder la mémoire du site pour les quelques 25 siècles durant lesquels les produits seront encore autrement radioactifs ! Ce projet politique (concernant les nouveaux sites d’enfouissement des déchets nucléaires) est d’autant plus dangereux : soit il est conçu pour aboutir et est donc redoutable, soit il est destiné à mieux nous faire avaler une autre couleuvre : envoi des déchets nucléaires dans le tiers monde…

Mais rassurez-vous, la France est une Démocratie. Mais une démocratie qui s’obstine à ne rien dire sur le nucléaire, ou alors le strict minimum. Alors que d’un côté les dirigeant-e-s nous demandent d’être « citoyen-ne-s », de l’autre ils adoptent une attitude complètement déresponsabilisante. Seulement, pouvait-on attendre autre chose de personnes attachées à leur pouvoir ? Le secret n’est-il pas un excellent moyen pour asseoir leur pouvoir ?
Dans leur logique, qu’importe si les liquidateurs de Tchernobyl, les irradiés de Forbach, les irradié-e-s japonais, ou les exploité-e-s dans les mines d’uranium crèvent du cancer, pourvu que ce soit en silence !

Après l’autorisation en août 1999 d’un site destiné à préparer un stockage en grande profondeur à Bure, le gouvernement a lancé une mission de recherche d’un second laboratoire d’enfouissement dans un site granitique. Pour l’industrie nucléaire (dite propre !), il s’agit de cacher les déchets le plus discrètement possible. 15 sites sont repérés : Finistère, Côte d’Armor Mayenne… La technique des hauts fonctionnaires de l’État et de EDF est simple. Dans un premier temps on cherche à convaincre les élus de l’absence de danger et surtout on fait miroiter une manne financière importante, un potentiel de travail… Pour aboutir on met les sites en concurrence et on impose aux municipalités, aux conseils généraux une prise de décision rapide. Or face à cette tactique et cette méthode rodée, seule l’action directe sans compromis peut permettre de gagner. Participer à leurs commissions, à leurs rencontres (avec la tournée des trois hauts fonctionnaires de la commission de concertation granite) est une tactique vouée à l’échec.

Fin janvier les sites sont rendus publics. Les élus critiquent la méthode, critiquent les choix (sans remettre en cause le nucléaire) : tout en gérant son potentiel d’électeur-rice-s, l’élu ne propose aucune alternative autre que celle de la concertation avec le lobby nucléaire. Fort heureusement dans nombre de régions la population n’accepte pas cette logique de la compromission qui n’est qu’un logique de collaboration. La Mayenne reste certainement le meilleur exemple du mois de mars : les trois hauts fonctionnaires n’ont pas pu s’expliquer le 13 mars dernier et après quelques heures de séquestrations il durent repartir sous les huées et les œufs de 3000 manifestant-e-s. Les manifestations se succèdent et prennent de l’ampleur : 1000 personnes le 28 février dans le Finistère, 2000 à Dinan le 18 mars, 5000 à Brennilis le 19 mars…
 

Refuser l’enfouissement, c’est aussi refuser le nucléaire

Pourquoi nous imposer une industrie non rentable et dangereuse si ce n’est pour nous contrôler en nous empêchant d’accéder à une autonomie par le biais des énergies renouvelables et décentralisées.  Refuser le nucléaire c’est refuser l’irréversible. Le nucléaire a une vie qui dépasse l’échelle des siècles. Les éléments radioactifs ont une durée de vie de plusieurs milliers d’années et aucun technocrate, scientifique ne peut assurer que l’on puisse assumer ces risques. Alors effectivement refuser le nucléaire, c’est dans un premier temps revenir à l’utilisation des énergies fossiles. Mais dans un second temps arrivent deux pistes : la première est celle des énergies renouvelables, la deuxième est celle d’une remise en cause de nos modes de productions et de consommations : produire plus rationnellement et en fonction de nos besoins.

Union régionale Bretagne de la Fédération anarchiste