Lecture

Château galère

Qu’est ce qui m’a pris d’accepter ? Quand il a déboulé dans le bureau du comité de chômeurs, j’aurais dû lui dire… « J’aime pas les polars, les histoires de flics me foutent la gerbe et quand ­ en plus ­ on y mêle une organisation trotskiste, même imaginaire et dissoute, j’ai l’ulcère qui me gratouille ! Alors, ton bouquin, tu l’envoie à qui tu veux, mais moi, ça me brouille l’écoute ! » Ben non. Moi, bon con, je lui ai dis : « Pas de problème ! En plus en ce moment je passe du temps dans les trains. Je te chronique ça dans le ML… » Il y a des moments où ma stupidité m’étonne.

Installé confortablement, Melaine Favennec dans le walkman, j’ouvrais à contrecœur le maudit bouquin. Ça commençait mal : glauque, un ancien para héros flanqué d’un flic de merde pour « ange gardien », la brume et l’humidité bordelaise pour décor et beaucoup d’alcool (n’importe lequel). Tout ce que je déteste !

« C’est effectivement un château galère que je m’envoies… et il va falloir se l’enfiler et tartiner dessus… » Très vite, j’étais pris au piège. Eric Tarrade à un cœur qui bat dans la plume et, au-delà du polar, c’est la poésie, la tendresse, l’humanité à tous les étages. Tarrade, tu m’as fait pleurer avec ton para, ton flic, ta brume et tes mauvais alcools ! Ton château galère cuvée 68, c’est vraiment un AOC et les bons pinards… j’aime ça.

Bruno Daraquy

Château galère. Eric Tarrade. Atout édition, collection Pique Rouge.