Nucléaire et logique capitaliste
Entre les sympathiques écolos des années
70 et les Verts d’aujourd’hui, beaucoup d’eau nitratée a coulé
sous les ponts. Prenant acte de leurs échecs répétés
dans les scrutins majoritaires à deux tours, les Verts décident
de se rapprocher du PS avec pour ambition d’en être un partenaire
incontournable. En 1997, les Verts obtiennent quelques sièges de
députés et un poste de ministre pour Dominique Voynet. Pour
en arriver là, les Verts ont négocié des désistements
réciproques, ainsi que l’arrêt de la centrale SuperPhénix
et l’abandon du canal Rhin-Rhône. Cependant, ces deux projets sont
abandonnés parce qu’ils sont économiquement ruineux et n’ont
d’intérêt que pour les lobbies du béton et du nucléaire,
qui ont su attirer à eux certaines populations au nom de l’emploi.
En outre, les Verts ont bien évidemment
signé pour la solidarité gouvernementale (« un ministre,
ça la ferme ou ça s’en va », dixit Chevènement)
et accepté le principe de l’arbitrage ultime par Lionel Jospin.
Sur les dossiers qui ne concernent pas directement Voynet, ils servent
de caution au libéralisme économique de D. Strauss-Kahn,
aux lois xénophobes et sécuritaires de J-P Chevènement,
aux bombardements du Kosovo et de la Serbie par les avions de l’OTAN, etc.
Sur les dossiers concernant directement l’Environnement, D Voynet est régulièrement
désavouée par le reste du gouvernement, au point d’en être
ridiculisée. Certes, elle obtient un oratoire sur la question des
Organismes génétiquement modifiés (OGM). Mais force
est de constater qu’elle ne fait pas le poids sur les dossiers liés
au nucléaire. Voynet et les Verts se déclaraient opposés
à l’utilisation militaire du nucléaire : on la voit visiter
gentiment les installations de l’Ile-Longue. Les Verts se déclaraient
contre l’enfouissement des déchets nucléaires : Voynet signe
avec quatre autres ministres le décret (n°99-687 du 3 août
1999) pour la prospection de sites. Plus qu’un échec politique,
c’est une faute.
Pour une rupture avec la logique de consommation
Dernièrement l’accident de l’Erika
est une conséquence directe du capitalisme (de la confiscation de
toutes les richesses, y compris naturelles, par une classe dominante),
de la logique de profit. La logique de profit a poussé Total à
réaliser plus de 10 milliards de bénéfices tout en
réduisant au maximum ses coûts de transport. Le capitalisme,
par sa recherche effrénée du profit, se rend responsable
de la plus grande partie des atteintes à l’environnement. Mais la
logique de profit engendre une autre logique : celle d’une consommation
irrationnelle qui ne répond en rien à nos besoins. La logique
de profit conduit le capitalisme à devoir faire écouler le
maximum de marchandises. Pour cela, il s’est doté d’outils très
performants :
- créer des nouveaux besoins avec
la publicité ;
- diminuer la durabilité des biens
de consommation et de leur réparabilité ;
- produire des objets consommant beaucoup
d’énergie.
En matière d’électricité,
les constats sont multiples. « Nous » n’utilisons pas les ampoules
qui consomment le moins (ampoules à basses tensions). L’État
et le patronat ne favorisent pas une politique d’isolation des habitats…
la logique libérale est claire : il faut consommer.
Ceux et celles qui croient résoudre
les problèmes écologiques sans éliminer le capitalisme
se trompent lourdement.
Pour un contrôle des technologies et
des sciences par la population
L’État ne peut pas être considéré
comme un outil neutre que l’on peut utiliser à bon ou mauvais escient.
Historiquement l’État (avec ses outils de contrôle social…)
a été construit par les classes dominantes. Et face aux accidents
(nucléaires, écologiques…), privé des réels
pouvoirs, le gouvernement a de la peine à masquer sa principale
fonction de régulation et de gestion du système capitaliste.
Les experts scientifiques, les hauts fonctionnaires…. suivent donc une
véritable théologie scientiste : « progrès technologique
= progrès social = bonheur pour l’humanité ». Seul
le développement scientifique par une société plus
égalitaire, préférant le bien collectif à l’aspect
financier et/ou au renforcement du pouvoir, et seul un système fédéraliste,
autogestionnaire peut répondre à notre souci et notre besoin
de contrôle.
Union régionale Bretagne de la Fédération
anarchiste