Conflits dans l’enseignement
Le règne de la Lang de bois
Les intersyndicales des instituteurs du Gard
et de l’Hérault, confortées par les fédérations
départementales des parents d’élèves FCPE, avaient
donc remobilisés leurs troupes le mardi 4 avril à Montpellier.
Cet appel à la grève et à manifester faisait suite
à un désaccord avec le rectorat (cf. le Monde libertaire
n°1200) dans le cadre des négociations promises par Allègre
avant son départ. Ce sont donc un millier de personnes qui ont défilé
dans la capitale académique. Ce même jour le département
de l’Hérault enregistrait un taux de grévistes assez bas.
Le Gard comptait 30 % d’instituteurs mobilisés, absents de leurs
écoles.
Dans le même temps, des entrevues ont
lieu au ministère de l’Éducation. Le 4 avril, les délégués
rencontraient un conseiller technique qui leur assurait que les spécificités
gardoises et héraultaises ne pouvaient être prises en compte,
les moyens manquant. Ce qui remet en cause ce qu’avaient promis Allègre
et Bancel, l’émissaire ministériel chargé de mener
les négociations. Et qui a fait dire à la FCPE gardoise :
« Nous avons été floués. » Comme pour
enfoncer le clou définitivement, le coordinateur des négociations
déclare notamment (1) : « Soyons clair : aujourd’hui, nous
n’avons rien à mettre sur le table. Nous n’avons aucune notification
du ministère […] ». Et d’appeler à une énième
consultation pour avoir un éclairage précis de la situation,
comme si le ministère n’avait pas déjà toutes les
informations !
Évidemment, la situation est à
l’avantage de l’équipe de Jack Lang. Le conflit a cessé même
si une grève administrative continue, la mobilisation, malgré
de réels efforts, est au plus bas. Moralement, il apparaît
clairement qu’il n’y a plus beaucoup d’espoirs pour négocier autre
chose que ce que l’administration voudra bien céder. Jospin a donc
bien manœuvré avec Allègre et Lang pour casser la contestation
sur la base de promesses que personne ne veut assumer, et en saupoudrant
moyens et négociations sur les secteurs de la fonction publique
en lutte (Trésor public, enseignement professionnel ou secondaire…).
Le secondaire peine à trouver un
souffle aussi puissant que le secteur du primaire pour imposer ses revendications,
malgré les appels du SNES à une grève académique
le 7 avril. Mais une jonction est-elle à nouveau possible entre
le primaire et le secondaire en butte aux mêmes difficultés
à obtenir des moyens auprès de l’État ? Une partie
de la réponse fut livrée le 8 avril, puisque les syndicats
appellent à une manifestation départementale du primaire
et du secondaire, à Nîmes. Si le souffle puissant de la grève
générale se remettait à souffler, cela pourrait faire
des dégâts à Matignon, puisque cela en a déjà
fait ici, dans les esprits de ceux qui on le cœur à gauche.
Daniel. — groupe Gard-Vaucluse de la F.A.
(1) Midi libre du 6 avril 2000.