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Cochonnerie dans les monts du Lyonnais

Le jeudi 20 mars 2003.

Une porcherie industrielle devrait très prochainement s’installer dans un petit village du département de la Loire nommé Maringes. Habitants et riverains risquent de cohabiter avec 1’500 porcs. Les nuisances seront multiples : odeurs nauséabondes et tenaces, augmentées suivant la chaleur de l’air et l’orientation du vent, bruits, pollution sonore de la rotation des camions de livraison, du ramassage des animaux pour l’abattoir, l’enlèvement des cadavres pour l’équarissage, le pompage du lisier dans les cuves, la prolifération des rats et des mouches… Un collectif d’opposants s’est créé, soutenu par Liane (une association écologiste) et par la Gaule forézienne (association de pêcheurs). Lors d’une assemblée générale organisée par Liane et réunissant une centaine de personnes, l’éleveur a répondu qu’il utiliserait un produit neutralisant contre les odeurs : encore un produit chimique qui aggravera la pollution !

La Confédération paysanne a pris parti pour l’éleveur et tient un discours ambigü. Elle soutient ce projet pour trois raisons : la création d’emplois en aval ; la proximité d’un important bassin de consommation ; la répartition de la production sur l’ensemble du territoire français. Pourtant, dans un éditorial de son mensuel Campagnes solidaires de janvier 2003, la Confédération paysanne souligne qu’elle tire sa légitimité et son soutien populaire « du fait [qu’elle] défende à la fois l’avenir des paysans et l’intérêt des habitants de la planète. Ses militants ont mis en cohérence leurs pratiques sur les fermes et leurs implications pour construire une nouvelle politique agricole européenne déconnectée de l’OMC. […] : droit pour les citoyens à des aliments sains et de qualité ; droit pour tous à sauvegarder la planète et les biens communs de l’humanité : l’eau, la terre et la biodiversité ».

Les communes environnantes de Chazelles-sur-Lyon et de Grézieux-le-Marché ont voté à l’unanimité pour ce projet sans se poser trop de questions. Ils ont déplacé le problème au lieu de l’approfondir. Le conseil municipal de Maringes, la première commune concernée, hésite. La Frapna se consulte en interne. La préfecture de la Loire devrait donner sa décision fin avril.

Nous avons appris qu’un autre projet se dessine sur Chazelles avec une batterie de 3 000 porcs. Le Crédit agricole et Carrefour sont-ils impliqués ? Qu’ont-ils promis et à quel prix ? On sait que ces structures sont loin d’apporter le paradis aux paysans, avec beaucoup de travail, un surendettement et peu de revenus. Les gagnants sont les grosses entreprises agroalimentaires qui vendent la farine et rachètent la viande de porcs à bas prix pour la revendre avec une confortable marge.

Il existe pourtant d’autres modes de production porcine (bâtiments sur paille ou sur sciure, distinction entre le lisier et le fumier) expérimenté par exemple par des éleveurs bretons (Vivarmor nature). La population bretonne est en train de refuser l’élevage intensif porcin dont les dégâts écologiques, économiques et sociaux sont désormais connus. L’industrie agroalimentaire prospecte et teste d’autres régions. Seul un rapport de force entre les consommateurs et les exploitants agricoles lucides pourrait chasser tous ces cochons-là.

Groupe Nestor-Makhno de la FA et des sympathisants des monts du Lyonnais