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Séropositives ou non, les femmes sont moins protégées que les hommes

Le jeudi 6 mars 2003.

Pourquoi les femmes séropositives seront présentes à la manifestation du 8 mars, journée internationale de la femme ? Tout simplement parce que l’épidémie de sida se féminise de plus en plus. En effet, l’enquête publiée par l’Invs en 2001, rapportait qu’elles comptabilisent 52 % des nouveaux cas de développement du virus et plus particulièrement chez les 15-29 ans. Les femmes ont aujourd’hui, en France, 3 à 7 fois plus de risque d’être contaminées que les hommes. Selon les experts, « elles sont plus isolées, lorsqu’elles sont séropositives et surtout malades ». Elles ne bénéficient plus, surtout en ces temps de répression, d’aucun lieu spécifique, alors qu’elles sont reconnues par les experts, comme « cumulant des pathologies sociales et sanitaires ».

Ainsi, depuis les 20 dernières années, le nombre de cas de développement de sida diagnostiqués chez les femmes a régulièrement augmenté. Sur l’ensemble des personnes contaminées, le ratio de 5 hommes pour 1 femme, enregistré au début des années quatre-vingt-dix, est passé à 2,8 femmes en 2001.

Selon le dernier rapport Delfraissy, 26 % des nouveaux cas des personnes enregistrées comme séropositives sont des femmes. Il est vrai que celles-ci sont plutôt les oubliées des campagnes de prévention, ainsi que des protocoles des recherches fondamentales, voire cliniques. Les femmes intéresseraient-elles moins les chercheurs et les laboratoires en tant que relais de transmission du VIH, ou cela ne les concernerait-il que dans un contexte de cas de transmission de la mère à l’enfant, au sein d’une politique globale de la famille ?

Il convient de rappeler que jusqu’en 1998, les femmes ont été dépendantes uniquement du bon vouloir des décideurs et des gouvernants (en général, des postes détenus par des hommes…), qui ne s’intéressaient à elles que comme… relais de transmission.

Pourtant, bien avant cette date, le préservatif masculin circulait déjà. Or, le préservatif féminin, s’il n’a fait son apparition que bien plus tard, est toujours difficilement accessible en France. À commencer par son prix : 6 à 10 fois plus cher que le préservatif masculin ! De plus, aucune campagne officielle de publicité ne l’a accompagné. Pire : il est quasiment indisponible, dans la plupart des pharmacies de ville ou dans les lieux de grande distribution.

La maladie du sida continue donc à se propager et à confiner les femmes au sein d’un non accès libre aux moyens de protection et de prévention de la maladie, voire à les laisser affronter d’autres pathologies infectieuses et sexuellement transmissibles. Les femmes sont donc les premières oubliées, de la prévention.

Les institutions s’en foutent et ne prennent même plus la peine d’informer les femmes et surtout les plus jeunes, sur les dangers des rapports sexuels non protégés. Or, les hommes imposent encore trop souvent aux femmes de tels échanges. Les chercheurs et laboratoires pharmaceutiques, quant à eux, ne trouvent aucun intérêt à financer ni à adapter des posologies calculées pour elles. tant que cela ne touche pas la politique familiale et le rapport néo-religieux « mère/enfant »

De fait, les femmes sont bel et bien les oubliées de la prévention, de la recherche et de l’information. Il serait temps de raviver nos pulsions et de donner aux femmes l’occasion de créer et de faire vivre des structures et des lieux fréquentées par elles. Afin d’obtenir un suivi préventif, voire s’adressant aux femmes déjà séropositives. Sans parler des femmes et hommes étrangèr(es) précaires, transgenre ou prostitué(e)s et autres laissé(e)s pour compte de la prévention !

La manifestation du 8 mars ne saura que traduire la colère des femmes séropositives ou exposées au virus, qui refusent le silence entourant les données statistiques. Les femmes ne seront pas les complices des grands laboratoires, ni des lobbies pharmaceutiques ou des institutions, qui négligent leur santé ou refusent de la prévenir. Devant ce problème de fond, le silence doit cesser.

Pour cela, nous serons nombreu(ses) à rejoindre le samedi 8 mars, la manifestation. Pour les libertaires : rendez vous à 14 heures, place de la République, devant GO Sport.

Patrick Schindler, groupe-claaaaaash@federation-anarchiste.org