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Et quoi donc sinon l’âge

Le jeudi 13 février 2003.

Et quoi donc sinon l’âge
Nous éloigne aujourd’hui du chemin des plateaux,
Piste si près du ciel que le nuage
Y peut mêler sa laine à celle des troupeaux ?
Mais quoi donc sinon l’âge et toutes ses séquelles ?
De mon grenier à hauteur d’hirondelles
Je vois des bois dont les mouvantes frondaisons
Disent la fuite inexorable des saisons.
Une rivière y passe et paresseuse et lente
Comme un dimanche. Un chemin la suit que je hante
À pas prudents de promeneur vite essoufflé.
Le vent y est léger. Il raconte les blés,
Les fermes, les hameaux, les plaines laborieuses
Et le large des foins où son passage creuse
Une houle paisible…
Et voici m’attendant
Le frêne familier, l’ombre tiède et le banc.

Alfred Campozet, 8 mai 1910 — 24 janvier 2003


Qui était Alfred Campozet ? Un « pacifiste indécrottable », selon ses mots. Il fut, dès 1936, avec Giono, de l’équipée du Contadour, cette « aventure poétique » qui le marqua pour la vie. Le Pain d’étoiles, édité par P. Fanlanc décrit cette période. Il fut l’ami de Jehan Mayoux, le poète surréaliste, qu’il rencontra à la prison de Clairvaux où ils étaient enfermés tous les deux à cause de leur opposition à la guerre ; c’était en 1939. La prison bombardée, ils se retrouvèrent libres. Pas pour longtemps puisqu’ils séjournèrent par la suite au camp de concentration de Rawa-Ruska et dans d’autres d’où ils s’enfuyaient régulièrement. Une indépendance d’esprit en toute situation a régné sur le compagnonnage de ces deux hommes. Alfred Campozet a écrit des nouvelles comme L’Homme aux pieds de verre, un recueil de poèmes, À voix d’arbre, et un long récit, Le Libérateur du Massacan, édité par les soins de Jehan Mayoux.