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Réforme des retraites

Travailler plus pour gagner moins

Le jeudi 6 février 2003.

C’est main dans la main avec le patronat que le gouvernement lance une nouvelle offensive sur le front des retraites, dans la continuité de la politique de la gauche. L’échéance d’une réforme de fond avait été programmée depuis 2001 alors que plus de 300 000 personnes s’étaient déjà mobilisées contre les propositions du Medef.

Après les retraites complémentaires, ce sont aujourd’hui les régimes spéciaux qui sont dans le collimateur des dirigeants. Une fois de plus, ils tentent de nous imposer de travailler plus longtemps pour toucher moins de prestations au bout du compte. Il s’agit en effet d’augmenter la durée des cotisations tout en diminuant les points indiciaires qui déterminent le niveau des retraites.

Le faux problème du financement

Le processus est déjà largement entamé, le pouvoir d’achat des retraités ayant subi de nombreux reculs, ils sont déjà 800 000 à devoir se contenter de minimas.

Pourtant cette réforme est loin d’être aussi indispensable que l’on veut nous le faire croire. Les fausses évidences démographiques et l’usage libéral des statistiques masquent mal la volonté du patronat de faire main basse sur une grande partie des salaires différés.

Aujourd’hui un salarié produit en moyenne 50 % de riches- ses de plus qu’il y a vingt ans. Le problème est que les exploiteurs veulent empocher cette plus-value, alors qu’elle suffirait amplement à financer les caisses de retraite et celles de la Sécu.

D’autre part, si le prélèvement des cotisations pose problème c’est aussi à cause de la précarité et du chômage. Or ce sont les mêmes qui utilisent massivement la mise en préretraite, le travail précaire, qui laissent sur le carreau des millions de chômeurs et qui voudraient nous faire travailler jusqu’à soixante-cinq ans !

Partageons les richesses, pas la misère !

Les dirigeants économiques voudraient que les salariés acceptent la rigueur budgétaire alors que le véritable enjeu est celui de la répartition des richesses, de la part des profits et de celle des salaires. Car consacrer de l’argent aux retraites reste en définitif un choix social.

Au fur et à mesure que l’on réduit la part du régime général à une peau de chagrin, les salariés sont sensés capitaliser une part de plus en plus importante de leur retraite. Ceux qui en ont les moyens devraient ainsi confier leur pécule aux aléas de la Bourse. Au regard des événements récents, ils ne devraient pas se sentir rassurés (aux États-Unis, 75 % des « retraités » doivent travailler pour s’assurer des revenus corrects).

Le système par capitalisation renforce les inégalités et maintient les salariés dans l’illusion que leur retraite de demain dépend de leur capacité à épargner aujourd’hui. En réalité, c’est inévitablement sur les richesses produites par le travail à une période donnée que sont prélevées les retraites sur la même période. Les patrons savent bien que les liquidités disponibles servent à alimenter la machine économique aujourd’hui et pas dans dix ans.

L’idée que les salariés garantiraient leur retraite par leurs cotisations reste donc totalement fausse. En réalité, seule la solidarité entre générations peut garantir la retraite. La retraite par capitalisation n’est donc qu’une forme de retraite par répartition encore plus inégalitaire.

Socialisons les retraites

Les salariés ont bien pris conscience des menaces contenues dans cette réforme et, déjà mobilisés, se sont exprimés sur celle-ci. Qui pourra prétendre à une retraite à taux plein alors que la précarité du travail se développe dans des proportions telles que beaucoup de travailleurs se posent des questions de survie avant de pouvoir se projeter dans l’avenir. Ainsi les retraités, qui loin d’être inactifs, ont souvent pu jouir de la liberté que permet un revenu décent, risquent-ils d’être contraints à une activité salariée de plus en plus tardive.

Face au projet de laminage des acquis sociaux orchestrés par le patronat et le gouvernement, nous devons nous battre pour assurer des prestations décentes et tracer la perspective d’une autogestion des fonds sociaux sans État ni patrons.

Union locale FA de Lyon