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La Loi a fait son temps

Le jeudi 23 janvier 2003.

Aujourd’hui, en France, la politique est la suivante : on amnistie les délits politico-financiers, alors que, dans le même temps, on criminalise les plus pauvres. On construit plus de prisons, alors que l’on réduit les budgets de la prévention. On sécurise les lycées avec des barbelés et des caméras vidéo, alors que l’on supprime en masse des postes de surveillants et de profs.

On ne sanctionne pas des policiers meurtriers, alors que l’on enferme les voleurs de poules. On supprime les allocations familiales aux parents de délinquants, alors que l’on augmente immodérément le budget de la police, le budget de l’armée et le salaire des ministres.

On laisse des centaines de personnes à la rue, alors que des milliers de logements sont laissés vides pour la spéculation immobilière. On s’en prend aux prostituées en imposant l’ordre moral et la censure, alors que l’on entretient un système qui ne génère que frustrations et misères.

Alors, je me pose les questions suivantes : quelle est cette politique qui fait de la souffrance un délit ? Quelle est cette politique qui fait de la différence un délit ? Quelle est cette politique qui fait de la pauvreté un délit ? Si, aujourd’hui, 60 % des Français pensent que l’action de M. Sarkozy est efficace, c’est seulement parce qu’il a su, avec l’aide et la complicité des médias, agiter le spectre de l’insécurité pour surfer sur les peurs des gens. C’est comme cela qu’il a pu asseoir sa politique sécuritaire à la Pasqua et son besoin de pouvoir.

C’est comme cela également qu’il peut préserver les intérêts politiques, économiques et financiers de l’État. Or, sachez, messieurs les politiciens, et quelle que soit votre classe politique, que les anarchistes ne donnent pas dans le culte de la personnalité et qu’ils ne sont et ne seront jamais dupes de cette politique criminelle et criminogène.

Nous savons pertinemment que, pour vous, la criminalité est un mal nécessaire et entretenu pour que vous puissiez conserver le pouvoir et vous ériger en protecteur du peuple. Mais, en criminalisant toujours plus et en ouvrant de nouvelles prisons, nous savons que vous ne vous attaquez pas aux causes profondes de la délinquance mais que, bien au contraire, vous continuez à alimenter la rentable machine à fabriquer des délinquants.

En agissant de la sorte, vous ne pouvez rien et ne prouvez rien, si ce n’est qu’aux pays des droits de l’homme, la loi, c’est encore et toujours la loi des plus forts et la loi des puissants. Pour nous, cette loi a fait son temps. Qu’elle crève.

Pascal Matrat, « Ras-les-murs » (Radio libertaire)