Cette journée où comme le disait dernièrement un camarade de la CNT sur Radio libertaire « il ne fallait pas laisser l’heure accordée par le patronat pour aller voter aux prud’homales ». Bien sûr chacun et chacune a pu aller se promener, bravant le bonhomme Hiver, boire un café, ou discuter avec les camarades de travail… ou mettre son bulletin dans l’urne ! Le pour et le contre
ont été exposés et discutés dans lLe Monde libertaire, à Radio libertaire (à Radio libertaria, aux Chroniques syndicales, etc.). Mais l’ex-quotidien de la rue de Lorraine a pu mettre en accroche sur la une du jeudi 12 : « Le bazar des prud’homales. » Il notait aussi qu’elles avaient « été marquées par un déroulement chaotique ». Bulletins manquants dans les boîtes à lettres, personnes non-inscrites sur les listes, des cartes électorales non arrivées, erreurs dans les bureaux… La liste est longue ! Au gouvernement, au ministère duTravail on a beau jeu de montrer du doigt les coupables : « Beaucoup de problèmes viennent du fait que ce sont les employeurs qui ont la charge d’inscrire leurs salariés. » Pourtant le ministre des Affaires sociales avait déclaré que c’était « plutôt mieux organisé que les fois précédentes, même si c’est encore imparfait ».
Les syndicats, toutes boutiques confondues, ne sont pas de cet avis, bien que le « rapport de forces » soit resté le même, quasiment, par rapport à 1971. Des conditions « indignes de nos traditions démocratiques » pour la CGT, pour Blondel de FO (« Ce scrutin est entaché de suspicion et ne peut être sincère. ») et même Cazettes de la CGC qui a carrément évoqué « une volonté de saborder l’institution prud’homale » !
Le patronat ne serait donc pas le seul responsable, mais le cafouillage viendrait bougrement aussi du ministère du Travail…
Un coup d’œil sur le taux de participation aux prud’homales est intéressant : de 1997 [1] à aujourd’hui (qu’on soit favorable à l’événement ou non) est tombé de 63,3 % à 34,8<%. Baisse de la combativité ouvrière, syndicale ? Éparpillement des entreprises, fin des citadelles ouvrières ?
Dans la situation actuelle du recul pied à pied devant la politique gouvernementale, les organisations syndicales représentatives sauvent plus les meubles qu’elles n’organisent la riposte. Pour l’après-prud’homales, nous l’a-t-on assez annoncé, la « trêve sociale » [2] serait dénoncée.
C’est-à-dire que l’ensemble du mouvement syndical se déclare prêt à déclencher l’offensive sur le problème des retraites, et cela dès le printemps. Vaste programme !
Bernard Thibaut de la CGT a déclaré « envisager une mobilisation nationale dès le début de l’année » et Francois Chérèque de la CFDT a annoncé dans une interview donnée à un quotidien, au sujet de son calendrier : « Dans un premier temps, nous proposerons aux autres syndicats un colloque à la mi-janvier à Paris sur les réformes des retraites en Europe. » Diable, s’il faut s’aligner sur les normes européennes, on a du mouron à se faire !
Négocier avec les syndicats et faire modifier les textes par le Parlement. Il semble aussi être la façon d’être de faire « en douceur » de Raffarin. Le Medef n’a plus qu’à aller à la tireuse, il est d’ailleurs, en ce moment, au moins au niveau des médias, un peu en retrait. Il laisse faire le ministère des Affaires sociales qui appelle les électeurs à aller voter aux prud’homales « parce que c’est important pour le règlement des conflits du travail et pour la société participative qu’on est en train de construire ».
Une chanson qu’on a trop souvent entendue. La société que nous voulons construire fera cesser l’exploitation de l’homme par l’homme. Nous n’entendons pas participer à notre propre exploitation.
Jean-Pierre Germain