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Trégor

La Grève générale ou l’esclavage moderne

Le jeudi 19 décembre 2002.

La catastrophe

Partout se multiplient les licenciements de masses. En
France, entre janvier et août 2002, le nombre de licencié(e)s économiques s’élevait à 180’000 (hausse de 76 % par rapport à l’année dernière).Tous les secteurs d’activités, toutes sortes d’entreprises sont touchés : Danone, Michelin, Moulinex, Bull, ainsi que les fameuses start-up locales comme Highwave. Et ça n’est pas fini, à l’échelle mondiale Alcatel pense virer 39’000 salarié(e)s, « Compaq Helwet Packard » 20’000, Siemens 20’000, Lucent encore 35’000. Plus discrètement les contrats à durée déterminée et les missions d’intérim ne sont pas reconduits, les retraité(e)s ne sont pas remplacé(e)s.

Tout ça pour qui ? Pour quoi ?

Ce n’est que le résultat de la logique capitaliste. D’un côté, c’est le productivisme à tout crin : — quand le patronat se lance dans une surproduction irresponsable écologiquement, pousse à des cadences usantes pour les salarié(e)s, pour atteindre un fantastique seuil de rentabilité. Plus les produits sont créés et vite, moins la main d’oeuvre coûte… et donc plus elle rapporte ! — c’est la logique du taylorisme, doctrine économique, où tout n’est qu’une question d’équation pour optimiser les profits afin de continuer à investir pour encore pouvoir générer du profit.

Mais les régions géographiques ont leurs limites sociales alors on délocalise pour aller appliquer sa logique un peu plus loin, on s’en va en emportant tout ce que les autres avaient créé, puisque la transformation de la matière et de l’effort en argent le permet, puisque tout le monde le permet… Il faut avant tout maintenir des revenus substantiels au patronat, aux actionnaires, aux fonds de pension.

D’un autre côté, que la situation économique soit bonne ou pas, on n’hésite pas à dégraisser, à jeter les salarié(e)s après les avoir bien pressé(e)s, au nom de la productivité, de la rentabilité ou pour « sauver les meubles ». Dans tous les cas, nous sommes perdant(e)s. Ainsi, aujourd’hui, en 2002, les marchés rétrécissent, ils ne peuvent plus absorber l’intégralité des produits fabriqués aux prix et dans les délais souhaités par nos maîtres. Les usines tournent au ralenti. On investit peu, mais surtout on licencie comme on éteint les machines. Rien de neuf. Nous sommes à la merci des embellies, des soubresauts, des caprices du capitalisme national et mondial.

Mais est-ce une fatalité ?

Il est temps de briser ce cycle infernal ! Jusqu’où nous laisserons-nous faire ? Interdiction des licenciements ? Oui, mais par un rapport de force direct avec le patronat et non par l’abandon de notre capacité d’action à des partis politiques, à des bureaucrates dont l’unique souci est le pouvoir et sa conservation ! Ne délocalisons pas nos luttes à la Préfecture, à l’Assemblée nationale. Car le personnel, élu ou nommé, de ces institutions pratique la solidarité de classe, celle de la bourgeoisie dont ils et elles sont issu(e)s et qu’ils et elles entendent maintenir dans ses privilèges.

Fédération anarchiste, Bretagne