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Vive la fraude et les « gratuiteurs » !

Le jeudi 16 janvier 2003.

Tant que les « pauvres » paieront pour que les « riches » voyagent gratuitement, ce que la SNCF et les politiciens appellent la « fraude » sera un acte de légitime défense sociale.

Depuis plus de deux ans, l’ensemble des collectifs « transports gratuits » ont démontré que ceux et celles qui payent le plus le droit à se déplacer sont ceux qui ont le moins de ressources : une fois avec les impôts (directs et indirects) ; une fois en achetant des billets au tarif fort et, de plus, en plus, une autre fois au travers des amendes dressées par les contrôleurs.

Pendant ce temps, les patrons, les cadres, les élus, les ministres, les journalistes voyagent gratuitement (sur le compte de leur société ou des électeurs).

Au RATP, nous récusons même le terme de « fraude » et de « fraudeur ». Nous préférons « usagers sans ticket ». Nous recherchons un mot, un terme qui inverse l’ordre des mises en cause. La fraude n’est que le résultat apparent de l’augmentation de la misère. Pour la supprimer, il faut combattre la misère et non ceux qui la subissent.

Conseils aux sans-tickets

La SNCF ne récupèrent qu’environ 20 % des amendes que ces agents dressent. Il suffit que le procès verbal soit raturé pour qu’il n’aie plus de « valeur » juridique devant un tribunal.

Ainsi, près de 30 à 50 % des PV pourraient être « illégaux ». D’un strict point vue comptable, plus la SNCF dresse de PV, plus ça lui coûte cher. Cher président de la SNCF, si vous voulez faire des économies, arrêtez de mettre des PV !

Plus sérieusement, les peines de prisons et les condamnations pleuvent. Individuellement, nous ne pourront pas échapper à la criminalisation de la misère. Collectivement, nous sommes capables d’inverser cette logique. Le récent procès de Bordeaux démontre qu’avec une mobilisation même minimale, nous pouvons faire reculer l’injustice.

Groupe libertaire Louise-Michel, Membre du RATP


L’affaire débute de façon tout à fait banale, le 21 novembre dernier. Quatre contrôleurs de la RTM déposent plainte contre un individu qui s’en est pris violemment à eux. Il n’avait pas de ticket et n’avait pas supporté le contrôle.

Le suspect sera rapidement retrouvé par les policiers du groupe des violences urbaines. Placé en garde à vue, il sera libéré quelques heures plus tard. Toutefois, l’enquête n’en restera pas là, l’autobus 72 dans lequel il se trouvait, était muni d’une caméra. Les policiers visionneront alors le CD. Surprise, l’histoire ne s’est pas déroulée de la façon dont les agents l’avaient racontée. Ce sont les contrôleurs qui s’en étaient violemment pris au suspect qui n’avait effectivement pas de ticket. L’intervention d’un passager qui avait voulu payer son titre de transport n’y changera rien. Les agents ont été interpellé. L’un d’eux a partiellement reconnu les faits. Les autres n’ont pas pu nier leur participation à ces violences devant les flots d’images accablantes. Ils comparaîtront le 13 janvier prochain.

Infos transmises par AC ! 13 et le journal La Provence


Voilà maintenant vingt et un ans qu’X… est contrôleur à la SNCF. Il travaille sur les trains express régionaux (TER) et sur les grandes lignes (TGV, Corail). Paris, Marseille, Nantes, Lille, etc. Il est confronté à la fraude : « Il m’est arrivé de dresser quinze, vingt, voire trente avis d’infraction dans un même train. Les procès-verbaux sont pratiquement devenus un titre de transport. »

X… ne veut surtout pas « pénaliser » les personnes en butte à des difficultés sociales ; dans ces cas-là, il sera plutôt enclin à ne pas alerter le « plateau d’assistance » de Rennes, qui, avec le concours du poste de commandement de la police ferroviaire, lance la procédure contre les « abonnés à la fraude ».

Témoignages transmis par le Réseau Transports gratuits