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Ceux qui nous quittent

Jean Galy (Lyg)
décembre 1962.

C’est toujours une désagréable surprise d’apprendre le décès d’un copain que les aléas de la vie vous ont fait perdre de vue.

Au cours des années 54-57, au sein du groupe de Toulouse de la FA où j’ai appris à l’estimer, Galy participait à nos travaux de son mieux, malgré une santé précaire, et nous faisait profiter de ses connaissances qu’il savait présenter sans pontifier, car il était un adversaire acharné de toutes les hiérarchies.

Petit à petit, au cours de nombreuses discussions, on découvrait ce qu’avait été sa vie : pas toujours rose, comme c’est souvent le cas pour de nombreux militants. Professeur à 22 ans, un peu avant la première guerre mondiale. Mobilisé, il déserte après plusieurs mois de front et passe en Espagne en 1917. rentré en France après la fin de l’hécatombe imbécile, il fut condamné à deux ans de prison et révoqué de l’enseignement. Parmi les nobles esprits qui s’opposèrent à sa réintégration, dans la région toulousaine, le plus acharné fut Vincent Auriol. Comme dirait ma grand-mère, ce sont toujours les bons qui s’en vont et les salopes qui restent.

Galy signait ses articles du pseudonyme Lyg. Autour des années 50, un grand nombre, traitant des questions sociales et économiques furent publiés dans Défense de l’homme et mériteraient bien d’être relus ou lus par nos militants.

Quelques semaines avant sa mort, il avait terminé une étude sur la justice, dont la publication a commencé le mois dernier dans les Cahiers du socialisme libertaire, où on retrouve ses principales qualité : utilisation intelligente de l’érudition, refus de tout préjugé, de tout confort intellectuel, sens de l’humour, virulence à l’égard des hiérarques.