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éditorial du nº 1320

Le jeudi 15 mai 2003.

Et si le fameux problème des retraites n’existait pas ? Si la catastrophe démographique attendue n’était qu’une escroquerie ?

Voici les choses telles qu’on nous les présente : le nombre de retraités augmente plus vite que le nombre d’actifs. La répartition impose donc à chacun de travailler plus pour entretenir « ses » pensionnés. Le rallongement de la durée d’activité réduisant le nombre de retraités en même temps qu’il accroîtrait la production à répartir. Limpide, simple, mathématique.

Arithmétique de grands chemins, logique de détrousseurs ! Car si l’on regarde du point de vue des besoins de la population ; si l’on tient pour acquis que la quantité produite de biens et de services ne diminue pas, mais augmente et augmentera encore ; si enfin on écarte l’idée bourgeoise du mérite individuel qui conditionne l’accès aux ressources ; alors qu’importe que la valeur totale soit produite par tel ou tel pourcentage de la population ?

Le point crucial ici est le maintien de la quantité produite (Nous ne parlons pas même de qualité ou d’utilité ; ni de la nécessaire rotation des tâches entre tous.) Or, qu’observe-t-on ? Le plein-emploi ? La recherche désespérée de bras pour l’industrie et les services ? Pas du tout, au contraire ! Le chômage touche officiellement un dixième de la population active. Quitte-t-on le travail plus tard, faute de remplaçant ? Absolument pas, la majorité des départs se fait entre 55 et 60 ans, grâce aux divers dispositifs de préretraite, quand ce n’est pas le licenciement pur et simple.

Et pourtant la croissance, l’indicateur à la mode, reste positive. Ce qui veut dire que chaque année on produit un peu plus que l’année précédente.

En réalité, l’effort auquel on nous invite en travaillant plus longtemps consiste à produire plus, collectivement, pour une consommation, toujours collective, tout juste maintenue. Le surplus ira gonfler les poches de l’État et des patrons. Cela s’appelle chez les marxistes augmenter le taux d’exploitation. Nous nommons ça plus simplement un pillage réitéré, dont le gendarme est le complice.

La prétendue énigme des retraites est parfaitement soluble. Il suffit de considérer les choses collectivement, d’un point de vue de classe. Nous produisons suffisamment pour l’ensemble de la population. Si, au final, tout ça ne nous est pas donné, c’est qu’on nous vole. Qu’ils aillent, ces grands bandits du capital, orner de leur personne les lanternes de Paris, et la chose sera réglée. D’ici là, lutter pour les salaires, pour les conditions de travail, pour les temps libres, pour desserrer l’étau.