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Terre de Feu

Libre échange et isotopes « US »

Le jeudi 15 mai 2003.

Nous avons besoin de faire connaître ce qui se passe dans notre province. Il s’agit d’un appel à l’aide depuis la Terre de Feu, la province la plus australe de la République Argentine.

Nous vous demandons de diffuser cette information : par décret provincial, le gouvernement de la Terre de Feu a cédé des terres pour l’installation d’une base nord-américaine qui réalisera « des études nucléaires à des fins pacifiques ». La base sera installée dans la ville de Tolhuin, qui se trouve au centre de l’île de la Terre de Feu.

Nous nous organisons pour tenter d’empêcher cette installation. Il faut savoir que le décret provincial est une conséquence de la loi votée par la Chambre des députés de la nation, en 1998, qui précise en annexe « que des explosions nucléaires souterraines, à des fins pacifiques, pourront être réalisées ». C’est pour cette raison que nous sollicitons votre aide, bien que l’actualité et les préoccupations soient aujourd’hui ailleurs, pour que dans la mesure du possible, vous fassiez connaître à la presse la situation grave à laquelle doit faire face notre province.

Le gouverneur de la Terre de Feu, Carlos Manfredotti, a signé le 26 juillet le décret 1369 qui autorise l’installation d’une base du « Système International de vigilance pour la prévention et l’interdiction des essais et explosions nucléaires ». Il invoque la loi nationale 25.022 de 1998. Le décret donne le droit aux membres de cette base de circuler librement dans la province, selon les besoins de leurs recherches. Il n’a été rendu public que dernièrement.

Comme d’autres actions du gouvernement, ce décret a été pris sans que les citoyens ne soient mis au courant, d’autant plus que la décision de l’installation de cette base a été prise par le gouvernement des États-Unis d’Amérique.

Les Nations unies ont signé le Traité d’interdiction complète des essais et des explosions nucléaires : nous, citoyens sud-américains, savons qui sont les bénéficiaires et les perdants de ces traités.

En mai, le président nord-américain a annoncé que son pays mettrait en place un « bouclier défensif », ce que plusieurs gouvernements (Allemagne, Chine, Russie) ont dénoncé comme le commencement d’une nouvelle courses aux armements.

Des bases ont été installées dans plusieurs pays latino-américains, comme en l’Équateur, aux Antilles hollandaises et, bientôt, au Salvador.

Plusieurs organisations internationales et gouvernements, comme ceux du Venezuela, de Cuba et du Brésil, dénoncent le Plan Colombie, qui pourrait étendre la militarisation — et le conflit colombien — à toute l’Amérique latine.

Les États-Unis maintiennent leurs pressions pour implanter l’ALCA (la zone de libre-échange des Amériques) qui, dans la pratique, ne sera rien d’autre qu’une zone de libre transit pour les entreprises et les intérêts nord-américains qui bafouent les Constitutions, les lois et les citoyens d’Amérique du Sud.

Nous affirmons :
 Que tout ceci n’est autre qu’un délire belliqueux d’une superpuissance impérialiste, les États-Unis, qui a le gouvernement national argentin et celui de la province à sa botte.
 Que ceci est une avancée, néfaste, de l’ALCA.
 Que nous ne pouvons pas permettre — de par notre histoire, notre dignité, notre identité — l’existence de cette avancée impérialiste en Terre de Feu, et par conséquent, nous, citoyens de la Terre de Feu, exigeons l’annulation du décret 1369/01 du gouverneur Carlos Manfredotti.

Elida Deheza, Secrétaire du syndicat unifié des travailleurs de l’Éducation de Terre de Feu