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éditorial du nº 11

octobre 1955.

Fidèle au rendez-vous donné en juillet, voici votre Monde libertaire.

Avant d’interrompre la publication pendant les vacances, le comité de gestions avait lancé un appel pour une grande souscription.

Vous en connaissez les raisons : location ou achat d’un local, campagne de publicité, mise en vente du journal dans les kiosques.

Pour parvenir à ces résultats, nous demandions un million.

Souscriptions importante dont le succès impliquait, disions-nous, de la part de tous de nouveaux efforts et de nouveaux sacrifices. Mais nous étions persuadés, ajoutions-nous, que ces efforts et ces sacrifices n’étaient pas à la démesure de nos possibilités et de l’idéal qui nous anime.

Nous avons toujours cette conviction.

Cependant, la date que nous avait imposée le calendrier n’était pas favorable pour le lancement d’une telle souscription.

Des camarades ont déjà néanmoins répondu à notre appel, mais en nombre insuffisant. Aussi les rentrées d’argent ont-elles été faibles durant ces deux derniers mois.

C’est pourquoi, aujourd’hui, nous vous renouvelons notre appel en vous disant très franchement que, du succès ou de l’échec de cette souscription, dépend la vie ou la mort du journal.

Pourquoi ?

Il y a un an, avec des moyens financiers dérisoires, le comité de gestion, conformément aux directives du congrès, créait le grand journal anarchiste que réclamait les militants.

Ce fut une entreprise difficile. Mais ce premier succès ne doit pas faire oublier la réalité aux camarades, à savoir que, même à trente francs le numéro, nous sommes déficitaires.

Des journaux de la grande presse, qui tirent à plusieurs milliers d’exemplaires, n’équilibrent leurs budgets que grâce aux ressources de la publicité et, bien souvent, de subventions occultes.

Nous ne disposons ni des unes, ni des autres.

Nous ne pourrons donc survivre qu’à deux conditions :
 1° augmenter le tirage et la vente du journal, ce qui diminuera le prix de revient au numéro ;
 2° recevoir une aide permanente de nos militants, de nos amis et de nos lecteurs.

En renouvelant aujourd’hui notre appel, nous parlerons donc net ; estimant de notre devoir de mettre les compagnons en face de leurs responsabilités.

Si nous ne trouvons pas un million dans un délai très rapide, Le Monde libertaire ne survivra pas.

Camarades, il faut choisir.

Il y a deux formules journalistiques possibles :
 celle de faire un grand journal d’information et de propagande anarchistes, destiné, non aux militants, mais au grand public : c’est la formule actuelle du Monde libertaire ;
 et celle de se contenter d’une feuille modeste dans son format comme dans sa présentation, destinée seulement aux militants.

Il est bien évident que si nous voulons propager et développer notre mouvement, la première formule s’impose, à condition de trouver les moyens nécessaires à sa réalisation.

Camarades,

Il fut un temps où l’action en faveur de notre idéal entraînait les militants à tous les sacrifices, y compris celui de leurs libertés et leurs vies.

Il nous appartient de poursuivre celle lutte plus nécessaire que jamais et de démontrer qu’au milieu de la veulerie et de l’irrésolution générales, les anarchistes demeurent un groupe résolu et cohérent.

En répondant sans retard et largement à notre appel, en propageant Le Monde libertaire, en lui procurant de nouveaux abonnés, vous affirmerez votre volonté de poursuivre la lutte anarchiste et de maintenir l’idéal qui, depuis un siècle, symbolise l’espérance humaine d’une vie libre dans un monde meilleur.

Pour que vive Le Monde libertaire !

Pour que retentisse partout notre voix !

Que chacun souscrive dès maintenant.

Le M.L.