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éditorial du nº 1338

Le jeudi 27 novembre 2003.

Le climat change peu à peu. Non, non, nous n’allons pas vous parler de la venue de l’hiver. Mais plutôt de cette période en démocratie parlementaire où peu à peu les idées se transforment en slogans, les reportages du 20 heures en clips, pour finalement réduire toute action et réflexion politiques en un seul geste possible : un bulletin dans la sacro-sainte urne.

Tel maire sur la Canebière confond mendicité et terrorisme de rue, un autre à Paname défend ses administrés contre la « mono-activité du textile », expression politiquement correcte pour évoquer l’implantation d’un « Sentier » chinois autour de son Hôtel de ville…

Les luttes vont s’effacer progressivement pour laisser toute la place nécessaire dans l’arène médiatique à nos politiciens de toujours. Nos amis d’Attac arrivent à point nommé. Le FSE a été le lieu idéal pour exercer leur dada : étouffer les luttes et le mouvement social pour les réduire à la seule rhétorique des idées. Le Parti socialiste a apprécié et, qui sait, est allé à la pêche pour quelques futures promesses électorales.

Un cocktail explosif sera bientôt prêt à nous péter à la gueule : on nous parlait de terrorisme et d’insécurité, et voilà que l’on rajoute d’autres épouvantails. Le voile, le communautarisme, l’antisémitisme, la laïcité républicaine en danger, etc. Ce micmac de haines nous promet un nouveau 21 avril. Et l’extrême droite n’est une fois encore qu’un phénomène anecdotique dans cette logique populiste républicaine de droite comme de gauche…

C’est le moment d’être irresponsables ! Plus que jamais, on va nous enfermer dans des carcans dorés : le consommateur qui croit assouvir ses désirs, l’électeur qui croit défendre ses idées. Et la peur comme clef de notre geôle.

Notre mouvement doit en premier lieu refuser les réponses rapides en dépassant les certitudes. Pour seul exemple, au delà de cette laïcité républicaine en danger qui n’est pas la nôtre et de l’amalgame de la communauté maghrébine à l’islam, que penser de ces adolescents embrassant une religion qu’ils méconnaissent et qui, ce faisant, insultent toutes ces femmes au « bled » survivant face aux intégristes ? C’est le fait d’un État colonialiste coupable d’un exil de la misère qui a déstructuré une population et des générations entières, d’un État raciste qui a préféré mettre au ban de la société la pauvreté au profit de l’inégalité sociale chère aux patrons… Les réponses qui apparaissent ainsi sont bien différentes de celles dans lesquelles on veut nous murer.