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Un Formidable village global

juillet 2003.

« Au-delà de Porto Alegre… des idées, des expériences et des pratiques d’autogouvernement ». Rencontre internationale de Spezzano Albanese les 21, 22, 23 et 24 août 2003



Le système social hiérarchique poursuit inexorablement sa lutte contre toute autre forme de vie pour imposer sa barbarie qui, selon où elle est appliquée, s’appelle flexibilité, sécurité, usage mesuré des ressources naturelles, mission de paix, intervention humanitaire, guerre au terrorisme, guerre infinie, guerre préventive, etc.

Du nord au sud de la planète, des milliers de personnes sont privés de travail. Les services sociaux, désormais aux mains du privé ou de l’État, s’améliorent pour les riches et se détériorent pour les pauvres.

Les mafias économiques et politiques prolifèrent, les appareils répressifs et judiciaires se renforcent contre ceux qui se rebellent et luttent.

On enlaidit et on saccage le territoire, on détruit l’écosystème, on laisse dans la misère la plus complète les populations du Sud à qui on vole leurs ressources naturelles et leurs matières premières.

Partout des guerres pour la domination absolue du globe, tantôt définies comme épuration ethnique, guerre humanitaire, préventive, avec toujours de vrais génocides.

Les peuples, contraints par la barbarie de la guerre, par la faim et la misère, à émigrer, quittent leurs terres pour finir dans des centres d’accueil de la si prisée civilisation occidentale, en attente d’être donnés en pâture aux nouveaux esclavagistes libéraux, à la délinquance et à la mafia.

C’est cela le formidable « village global » qui, chantier actif de la démocratie et du système capitaliste mondial, se construit infatigablement jour après jour.

Le sommeil de la raison crée des monstres

La bourgeoisie a prétendu réaliser la liberté, l’égalité et la fraternité en appuyant son credo social sur la démocratie représentative dans le champ politique et sur le capital dans le champ économique. À la hiérarchie, elle a substitué la hiérarchie ; à l’exploitation, l’exploitation ; au monstre, des monstres.

Ont subi le même sort les écoles politiques (révolutionnaire ou social-démocrate) qui ont prétendu atteindre à une société égalitaire. C’est donc toujours le triomphe de la domination. La domination des patrons, des institutions hiérarchiques, la domination de la minorité sur la majorité.

Utopistes sont ceux qui veulent la liberté par la liberté. Ironie de l’histoire, donc, l’accusation d’utopisme retombe sur ceux qui l’avaient théorisée, tandis que les aspirations libertaires, contre lesquelles ils avaient lancé leurs accusations, continuent à représenter l’alternative possible à la barbarie.

À l’action libertaire de servir de détonateur

Cette société donnée est une société construite sur un modèle plutôt qu’un autre. Elle peut être détruite et reconstruite sur un nouveau modèle. Ceux qui ne se reconnaissent pas dans ce modèle peuvent, s’ils le veulent, reformuler et pratiquer, libres et égaux, le vivre-en-société hors de l’enclos hiérarchique.

De nouveaux horizons s’entrouvrent pour l’action libertaire, horizons qui nécessitent des analyses approfondies, d’ardentes discussions et une radicale pratique sociale autogestionnaire, antiautoritaire et antihiérarchique.

Nouveaux projets pour dessiner ensemble un avenir qui saura s’orienter vers des réalisation effectives dès aujourd’hui. Si la pratique revendicative représente sans doute une gymnastique révolutionnaire servant à faire comprendre aux exploités et aux opprimés qu’en luttant ils peuvent améliorer leurs conditions de vie, la pratique révolutionnaire vise la réalisation d’une société alternative à la domination. Il faut donc dès aujourd’hui :
 Démasquer dans l’économie les contradictions et les paradoxes du pouvoir ;
 Ne pas se séparer de ceux qui luttent, les stimuler en les aidant à comprendre qu’il est possible de se transformer en acteurs de notre façon de vivre en société, en acteurs d’une pratique d’organisation politique et économique non hiérarchique ;
 Inciter ceux qui luttent à ne pas s’arrêter à revendiquer auprès des patrons, à ne pas occulter les causes qui rendent possible l’exploitation et le profit, à diriger la lutte vers l’expropriation et la socialisation des moyens et des instruments de production, à projeter l’action vers l’autogestion économique en relançant par exemple le coopérativisme des origines, à construire un réseau autogestionnaire de producteurs et de consommateurs autonomes de l’État et du pouvoir économique, et en mettant ce réseau en relation avec les luttes de travailleurs salariés des classes les plus défavorisées ;
 Agir dans la sphère politique et sociale de la communauté dans laquelle chacun de nous vit et opère avec une pratique qui ne se limite pas à participer ou à faire fonction de contrôleur des décisions des administrations de l’État, démontrer avec la pratique communaliste de la démocratie directe comment les premiers intéressés (travailleurs, chômeurs, retraités, étudiants, etc.) peuvent eux-mêmes résoudre leurs problèmes à la base.

Voilà, c’est sur une pratique libertaire telle que celle-là que nous pensons qu’il est temps de nous interroger. Une pratique qui ne se nourrit pas d’illusions réformistes ni d’une révolution brève et rapide, mais bien d’une pratique gradualiste révolutionnaire qui, trouvant sa force dans le conflit, se projette, jour après jour, hors des institutions du pouvoir, avec des structures auto-organisées et autogestionnaires qui, à partir des municipalités, préfigurent la « société autre » : la société de l’autogestion.

La FMB (Fédération municipale de base de Spezzano Albanese), structure communaliste libertaire opérant dans le social depuis environ dix ans, mue par l’exigence de commencer à discuter autour de tout cela, exigence qui semble partagée par les autres structures autogestionnaires de base opérant dans le social, vous invite à une rencontre internationale sur le thème « Au-delà de Porto Alegre… idées, expériences et pratiques d’autogouvernement » qui aura lieu à Spezzano Albanese les 21, 22, 23 et 24 août 2003.

FMB