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Stopub

contrôle de notre identité, répression de nos actions… et la consommation pour seule solution ?
Le jeudi 18 décembre 2003.

« La satisfaction que la société nous autorise en réponse aux besoins sans fin qu’elle fabrique ressemble à l’aumône faite au mendiant : nous faire vivre suffisamment aujourd’hui pour être affamé demain. »

Robert Johnson



En déployant plusieurs centaines de policiers et en procédant à plus de 300 interpellations et contrôles d’identité pour attroupement illicite parmi le millier de personnes qui avaient répondu à l’appel de STOPUB le 28 novembre dernier, le pouvoir politique et policier s’est, de manière éclatante, mis au service des intérêts privés de l’empire marchand et de l’idéologie aliénante de la publicité.

Quel chakra si terriblement névralgique de la société avons-nous donc touché, nous, désobéissants à l’ordre spectaculaire et consumériste, pour révéler l’alliance, désormais flagrante et organique, entre les instruments coercitifs de l’État et les propagandistes du nouvel ordre marchand planétaire ?

Comment le barbouillage joyeux et non violent de quelques panneaux publicitaires dans le métro a-t-il pu révéler la sainte alliance de l’idéologie sécuritaire et de l’idéologie publicitaire .

Passée la jubilation d’avoir ainsi provoqué au grand jour l’« outing » obscène d’un concubinage incestueux déjà ancien, c’est le sentiment d’inquiétude qui doit prédominer.

La société Métrobus, gérante des espaces publicitaires de la RATP, et filiale du groupe Publicis (quatrième groupe mondial de publicité présidé par Élisabeth Badinter, eh oui !) après avoir contraint l’hébergeur du site Internet de STOPUB à révéler les noms des responsables dudit site, s’apprête à les poursuivre en justice. L’objet de cet acharnement judiciaire : un prétendu dommage évalué à un million d’euros (pas moins !) et une bataille « éthique » au nom de la défense de la « liberté d’expression publicitaire » (sic !).

Après la répression policière, c’est la justice qui est appelée à étrangler un mouvement large et spontané de résistance à l’aliénation quotidienne.

En Mai 1968, l’écrivain Jouhandeau invectivait les cohortes d’étudiants enragés défilant sous ses fenêtres d’un : « Rentrez chez vous, demain vous serez tous notaires ! » À défaut, nombre d’entre eux devinrent publicitaires !

Une chose est sûre aujourd’hui, notre présent de précaires ne s’offrira jamais un avenir de notaires ou de publicitaires !

Mouvement spontané contre l’aliénation publicitaire, www.stopub.tk