Ce sont plus de 120 personnes qui se sont retrouvées à La Clef samedi 1er mars pour fêter les onze ans de l’émission « Femmes Libres [1] ». Ambiance détendue et chaleureuse, dans un espace où toutes et tous pouvaient circuler et bavarder, regarder les expositions présentées, acheter une vidéo ou une carte postale, une carte d’auditeur de Radio libertaire ou Le Monde libertaire.
La soirée a commencée par l’Hommage aux femmes algériennes, texte dit par Catherine Ribeiro.
Le film De toda la vida a permis de faire découvrir les luttes des femmes anarchistes pendant la révolution espagnole de 1936. Ces témoignages émouvants de compagnes toujours actives nous motivent pour continuer à lutter. L’une d’entre elles, Lola, présente dans la salle, a fait revivre ces moments-là. Elle a notamment questionné les femmes anarchistes d’aujourd’hui…
Les échanges qui ont suivi ont permis à Nelly d’évoquer ce que ces émissions lui ont apporté : l’émotion de rencontres si diversifiées, toutes ces révoltes, toutes ces luttes, la recherche et le débat d’idées, la création, les liens entre théorie et pratique, la solidarité, et sa fatigue parfois aussi. Elle a rencontré des femmes de tous les pays, luttant pour leur dignité, leur liberté et leur droit de choisir leur vie. Elle a mis en valeur leur courage de chaque jour. Elle a cherché a actualiser la pensée anarchiste, née d’un XIXe siècle férocement patriarcal, à la lumière du féminisme. Elle a voulu montrer que le féminisme se déclinait de multiples façon. Au-delà des différences, elle nous a fait part de ses efforts pour réunir, plutôt que diviser, afin que nous allions plus loin ensemble. Et elle nous a présenté la nouvelle équipe de son émission : les compagnes de la commission femmes, de la CNT, lien évident avec Mujeres Libres, Claudie qui apportera son expérience militante de féministe radicale, antifasciste et antiraciste, et bien sûr Nadia à la technique.
Chacune, chacun dans la salle a alors apporté son témoignage. Élisabeth a insisté sur la nécessité pour elle d’organiser cette fête ; cela lui aurait semblé inconcevable et incohérent de ne pas relier ses engagements de féministe et d’anarchiste, de militante et de responsable de l’association gérante de Radio libertaire.
René, du groupe Février, a notamment repris les propos de Bakounine et des anarchistes individualistes pour réaffirmer fortement que « les hommes ne peuvent être libres que si les femmes sont libres ».
Quant à Philippe, au contact de Nelly, il a contracté le virus de la radio et il en est très heureux…
En tant qu’historienne - et bien que non anarchiste —, Marie-Victoire a souligné l’importance du travail de Nelly, la nécessité d’archiver les cassettes des émissions pour garder cette mémoire des femmes ; elle a également rendu hommage à la rigueur avec laquelle les émissions sont construites.
Claire, elle, historienne et anarchiste, a montré comment cette émission avait été un instrument essentiel de reconnaissance des femmes anarchistes dans les milieux féministes.
Puis une militante de Ras l’Front a raconté la dernière action de Xavier Dor, la matin même, contre la clinique Isis, dans le XIIIe arrondissement. Elle a stigmatisé les différences dans la façon d’intervenir des forces de l’ordre : rapides et brutales contre les sans-papiers, lentes et protectrices avec les bigots.
Ensuite le Théâtre de l’Urgence a bien fait rire la salle avec ses sketches, qui mettent en scène la vie quotidienne des femmes, militantes ou non, leurs amours, leurs incertitudes, leurs tics de langage et leurs contradictions.
Dans ce climat convivial, le verre de l’amitié a été l’occasion d’échanger quelques phrases, quelques adresses, quelques souvenirs ou quelques projets. Puis Sabine Viret a terminé la soirée avec sa voix chaude et sensible, aux sonorités méditerranéennes.
La Rapporteuse