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éditorial du nº 1333

Le jeudi 23 octobre 2003.

« Vos victoires sont bafouées, le monde regarde, suffoqué, revenir la barbarie. » C’est ce que chantait François Béranger en 1997 quand il évoquait les premières vacances de ses parents en 1936. À cette époque, les congés payés, les 40 heures hebdomadaire devaient, selon les représentants du capital mettre à feu et à sang notre bel Hexagone. Un sémillant ministre a fait dernièrement des déclarations de la même eau. Trop de congés favoriserait l’alcoolisme et les violences conjugales… À quand le simple repos dominical et les apprentis dormant sous l’établi ?

Récession, disent nos maîtres de la finance. Pour nous elle existe dans son sens premier dans le grignotage (sic) systématique des acquis sociaux. C’est le triomphe post électoral de la droite. La cerise sur le gâteau ayant été raflé par l’annonce d’un salaire au mérite dans la fonction publique. Le gouvernement voudrait-il œuvrer pour un front syndical uni, se préparer un automne chaud ? Le temps de rêver n’est plus de mise et on peut douter de la riposte du monde du travail.

Les grands efforts médiatiques tentent plutôt de rassembler les gauches en vue des élections régionales. Les gauchistes de tout poil veulent-ils une énième fois tenter de cogérer avec la gauche tranquille les intérêts nationaux pour le plus grand profit du monde capitaliste ?

Pendant ce temps-là Chirac (héros républicain) se présente en leader maximo de la réconciliation franco-allemande. Et comme au bon vieux temps on béatifie sur un vrai faux miracle.

Changer le monde a toujours été au centre des préoccupations du mouvement anarchiste. Il y a des moments où l’histoire a du plombs dans l’aile, mais dans les années 30, partir en vacances pour le monde ouvrier était une utopie. Devenue réalité quand la mobilisation sociale, les grèves établirent un rapport de force favorable.

Aujourd’hui la France d’en bas fait le dos rond mais comme il est dit dans la chanson « les beaux refleuriront ».

Les intermittents interrompant une émission avec une banderole « éteignez vos télés » montrent que changer la vie passe par d’autres chemins que la télé poubelle.

En Mai 68 on disait « cassez les télés et descendez dans la rue… » Comme le chantait Béranger :

« Creusons-nous les méninges,
caressons l’utopie,
réinventons le monde,
réinventons la vie. »