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Une Grande victoire du prolétariat organisé

Le jeudi 23 octobre 2003.

Salarié et syndicaliste CNT de la société Idex & Cie, je me suis fait licencier pour faute lourde. Cette société effectue des tâches de maintenance dans les domaines de la climatisation, du chauffage et de la plomberie.

Idex & Cie est l’un des nombreux sous-traitants de la Bibliothèque nationale de France (Paris 13e). Ce licenciement s’inscrit dans le mouvement de mai-juin dernier, pour la défense des retraites. La direction de la société Idex & Cie prend pour prétexte un article publié dans Le Monde libertaire (« Climat pesant à la BNF », nº 1321). J’y exposais la situation qui était la mienne, technicien intérimaire puis embauché. J’y dénonçais entre autres le climat régnant au quotidien, le manque de personnel et la politique menée par la direction celle du management.

Ce licenciement est tout à fait abusif car, tant le code du travail que la jurisprudence reconnaissent le droit d’expression des salariés. Par ce licenciement, la société Idex & Cie entrave la liberté d’expression mais également, porte atteinte à la liberté syndicale.

Cette affaire est similaire à celle de Clavaud, salarié chez Dunlop et licencié pour les mêmes motifs. L’affaire a été jugée au tribunal des Prud’hommes de Paris en référé. Le juge départiteur explique que les propos tenus par un salarié en dehors de l’entreprise ne constituent pas l’exercice du droit d’expression tel que prévu par l’article L461-1 du code du travail mais relèvent tout simplement de la liberté d’expression, principe à valeur constitutionnelle.

Ainsi, ce licenciement constitue un trouble manifestement illicite qu’il convient de faire cesser et l’article en question n’est que la conséquence de la libre expression d’un citoyen par voie de presse.

En marge de cela, le Conseil siégeant en formation de référé, ordonne la poursuite du contrat de travail et condamne la société Idex & Cie à me payer à titre provisionnel les salaires de juin à nos jours et 300 euros sur le fondement de l’article 700 du nouveau code de procédure civile. Tout naturellement, Idex & Cie a fait appel, je serai donc convié à nouveau dans quelque temps à une nouvelle audience aux Prud’hommes.

Entre temps, la société Idex & Cie me traîne devant le tribunal correctionnel de Paris, pour diffamation et injures publiques. Fidèle à sa tradition et ne chiant pas la honte, cette « société en commandite simple au capital de 800 000 euros » exige d’un ouvrier le paiement de sommes qui, cumulées, frisent les 10 000 euros, pour un préjudice imaginaire.

Ceci constitue une magnifique victoire et nous démontre qu’un travailleur du privé comme du public peut combattre ce patronat. Nous n’avons rien à gagner dans les négociation avec ces crapules, mais tout à gagner dans la solidarité prolétarienne, valeur indispensable pour la lutte des classes. À ce jour, il nous reste beaucoup de bastilles à effondrer, puisqu’il y a encore des patrons, donc existence de la bourgeoisie, et que les collabos de classes courent toujours !

Nico, groupe FA d’Ivry, CNT-BNF, et fier de sa classe !