Accueil > Archives > 2003 (nº 1301 à 1341) > 1333 (23-29 oct. 2003) > [« Avec le temps : de la vieillesse en Occident et de quelques moyens de la (...)]

« Avec le temps : de la vieillesse en Occident et de quelques moyens de la réhabiliter »

livre de Suzanne Weber
Le jeudi 23 octobre 2003.

Avec le temps, si tout ne s’en va pas, c’est peu dire qu’il nous en reste de moins en moins. De cheveux. De dents. D’amis. Et jusqu’aux souvenirs.

C’est ainsi. Il en a toujours été ainsi. Et il en sera toujours ainsi.

De là à ce que, quand d’aventure la vieillesse s’invite au bal de la vie, la fanfare des maîtres du monde du moment nous joue sur tous les tons l’air de la décrépitude, de la solitude, de la déchéance, de la dépendance et de la crevaison, il y a cependant une marge.

Car il y a manière et manière (sociale et sociétaire) de vieillir, de voir ses forces et son autonomie décroître, et de finir sa vie.

Pour l’heure, dans les sociétés occidentales, la manière dont la vieillesse est perçue et gérée fait frémir.

Car, soit elle est haïe. Soit elle est ghettoïsée. Mais dans les deux cas de figure elle est niée.

Haïe, la vieillesse l’est en effet de plus en plus. Car si jadis les vieux mouraient jeunes ou faisaient rarement de vieux os, aujourd’hui ils pullulent, coûtent comme jamais encore, et ne cessent de nous renvoyer en pleine gueule l’image de notre déchéance à venir.

Ghettoïsée, cachée, enfermée, institutionnalisée, la vieillesse l’est également chaque jour davantage dans des maisons de retraite aseptisées pour vieux débris argentés ou dans les couloirs de la mort des hospices ordinaires pour le tout venant des manants sans l’sous.

Au bout du compte, par-delà les problématiques (importantes) de classes et de tunes qui sont susceptibles de mettre ou non des rideaux aux barreaux, la vieillesse dans les sociétés occidentales made in libéralisme s’apparente à une prison. Ou pire, encore, à un bagne.

Ce livre nous conte cet enfer, et, disons-le tout net, vous ne vous en relèverez pas !

Ce qu’il décrit, parce qu’il a choisi d’éviter le spectaculaire mais de ne rien oublier, est tout simplement intolérable !

Ce livre, cependant, n’est pas qu’un simple reportage sur le bagne. C’est aussi un livre qui essaye de comprendre le pourquoi et le comment du bagne. Et, c’est surtout un livre qui ose l’espoir d’une société (non capitaliste, bien sûr, mais également libertaire) au sein de laquelle la vieillesse, comme la jeunesse ou d’autres particularismes momentanés ou non auraient pleinement droit de cité et possibilité de s’épanouir comme des roses au sein de la cité.

Que ce livre se termine par l’énoncé du projet « Nous autres » qui s’affiche comme une initiative pour la création d’un espace pour vieux et vieilles libertaires et soit vendu au profit de ce projet n’est donc nullement un hasard.

Que ce livre ait obtenu le grand prix « Ni Dieu ni maître » 2003 n’étonnera que ceux qui confondront toujours l’éternelle révolte de la jeunesse avec la nouvelle jeunesse de la révolte.

Comprenne qui voudra !

JMR


Ce livre écrit par Suzanne Weber est une production du groupe Los Solidarios publié par les éditions libertaires, 272 p. Il est en vente à la librairie du Monde Libertaire, 145, rue Amelot, 75011, Paris. 12 euros, chèque à l’ordre de Publico, rajouter 10 % pour le port.

De l’envoi d’un colis piégé à l’ambassadeur des États-Unis pour protester contre la condamnation de Sacco et Vanzetti, en passant par la révolution russe, le meeting sanglant de la CGT de la Grange aux Belles, mai 1968, le Larzac et jusqu’à Creys-Malville, la compagne May Picqueray n’est plus à présenter ! Au contraire ! C’est pourquoi Le groupe L@s solidari@s a fait reparaître ses mémoires [1]. Cet ouvrage édité par les éditions libertaires au prix de 12 euros sera disponible dès le 15 novembre pour le Salon du livre anarchiste

[1May la réfractaire.