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La Religion opprime, l’État réprime

Le jeudi 22 janvier 2004.

Depuis nombre d’années et récemment les attaques contre la laïcité ont été nombreuses : introduction de l’apprentissage du « fait religieux » dans la formation des maîtres, formation de ces derniers par des représentant.e.s es religion, accord de l’OMC et décentralisation qui favorisent le communautarisme religieux et l’ethnicisme en les liant intimement.

On peut également noter dans le style républicain l’introduction de l’armée à l’école avec par exemple la journée citoyenne obligatoire pour les filles et les garçons, où l’individu est nié par l’État qui fait valoir ses fonctions régaliennes, à savoir contrôler et opprimer.

Le port du voile, lui, pose la question du libre arbitre : il pose également la question de l’émancipation des individus par l’école et de ce que celle-ci peut apporter comme esprit critique et comme recul sur la société puisque c’est dans ce cadre que cette polémique s’est développée. Et c’est justement bien dans l’école en premier lieu qu’un vrai travail pédagogique doit s’installer pour comprendre les vrais problèmes sociaux que cela engendre (comme la domination masculine et la pensée unique). Une nouvelle loi ne fera que réduire le champ des libertés (n’est-ce d’ailleurs pas le rôle de la plupart des lois ?) et ne résoudra en rien des problèmes qui écrasent des jeunes femmes du fait de la religion qui cherche encore sa part de pouvoir sur les individus en bâillonnant une bonne moitié de ces derniers, les femmes. L’école doit permettre de se construire une identité individuelle en sortant du carcan des identités collectives.

D’une manière concrète il s’agit de poser les questions liées à l’émancipation de l’individu, tant au niveau social que personnel, afin de lui offrir la possibilité de s’épanouir culturellement et non pas de permettre l’inverse, l’oppression des individus par la culture, ici sous la forme mensongère de la religion, dans le but de mieux les contrôler socialement.

On pourrait tout à fait considérer que les symboles ne sont que des bibelots si on ne les alourdissait pas de « sens sacré ». Du moment que ce « sens » n’était que l’affaire de la personne, s’extasiant de ce qu’elle ne comprend pas à grands coups de vérités révélées, ça ne peut regarder qu’elle, a priori. Mais qu’on impose ces mêmes « vérités » à autrui c’est autre chose : cet autre chose c’est l’oppression, le droit de regard de la morale sur la sphère privée. De cette manière le voile est une atteinte à l’identité même de la femme, elle en est la négation.

Certaines femmes et jeunes filles sont certainement manipulées, qu’elles soient consentantes ou pas du fait d’exprimer une « identité » par des signes traditionnels à caractère « moral ». Elles servent avant tout de bouc émissaire pour les nationalistes (quelle que soit leur ethnie) ne supportant pas la présence de la différence, et de chèvre au sacrifice pour les intégristes (quelle que soit la religion). Difficile alors pour une jeune femme de se construire dans un tel univers.

Avant de revendiquer une identité, il s’agit de bien peser les conséquences que cela implique pour ses sœurs et ses filles. À ce titre, on ne peut que se réjouir et se solidariser des luttes des femmes et des hommes conscient.e.s de l’aliénation que les religions représentent.

On ne peut qu’inciter femmes et jeunes filles à se libérer et à se révolter, comme le font celles qui dans leur pays subissent l’oppression dans leurs foyers et jusque dans leur chair, contre la loi coranique et le mari tout-puissant, contre des garçons de certains quartiers qui expriment leur petite domination de mâle en perpétuant la stupidité satisfaite de la tradition et de la religion. Notre solidarité se doit d’aller vers les jeunes femmes qui se soulèvent dans leur quartier contre tout ce qui s’élève contre leur liberté individuelle. Aucune personne sensée ne peut supporter pour soi-même, comme pour autrui, l’oppression de la religion et/ou de l’État ; l’attaque de la liberté d’un.e est une attaque de la liberté de tou.te.s. Notre corps comme nos désirs n’appartiennent qu’à nous-mêmes et jamais ils ne seront la propriété d’une religion ou d’un État. La liberté individuelle nous concerne tou.te.s.

Johan, groupe Jes Futuro