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éditorial du nº 1345

Le jeudi 5 février 2004.

Mettez un voile sur ce visage que je ne saurais voir ! Le vrai visage de la démocratie moderne nous apparaît en transparence à travers la trame de la tulle des discours politiques et des contes des organes de propagande que sont devenus les médias d’informations. Il y a plus d’un an que l’administration américaine et son complice et homologue anglais, sous prétexte que le gouvernement irakien constituait une menace de destruction du monde libre, ont envoyé leurs sbires piller l’Irak pour apporter au peuple irakien les bienfaits de la démocratie. Résultat, aujourd’hui les armes de destructions massives apparaissent telles qu’elles ont toujours été : un leurre pour gogos… Les Irakiens, en revanche, sont toujours gouvernés par leurs envahisseurs. Sur décision de l’administration américaine le droit de grève est banni, le droit de la famille n’est plus régi par le droit civil mais par le droit religieux, et le jour où le peuple pourra prendre en main ses propres affaires est sans cesse reculé. Les mollahs iraniens, eux, ont bien compris cette notion de démocratie mondiale où seuls ont leur mot à dire ceux qui détiennent un pouvoir politique, économique ou religieux . Ils peuvent se permettre de durcir leur dictature interne, du moment qu’ils affirment sur l’extérieur leur volonté de coopération avec les grandes puissances. À l’heure où nos dirigeants s’efforcent de construire l’Europe à vingt-cinq, malgré les difficultés, afférentes à toute démocratie, pour la doter d’une constitution, Jacques le Grand lui n’a aucune difficulté à rejeter dans les poubelles de l’histoire ces infâmes dissidents de la plus grande démocratie populaire du monde. Cet empire du milieu qui a tant à apporter à nos pauvres capitalistes en difficulté, mérite d’être traité avec ménagements, et les droits de l’être humain peuvent bien être piétinés, après tout seule en souffre la Chine d’en bas, la piétaille. Ce faisant il fait d’une pierre deux coups en reniant l’existence de Taïwan, qui eut l’outrecuidance de demander des comptes sur les commissions versées par la France lors de ses ventes d’armes, dont les rétro-commissions ont servi à arroser les financeurs des campagnes électorales. Preuve que la France est une démocratie : la justice indépendante, malgré les pressions, menaces et autres procédés maffieux, a réussi à condamner le dirigeant du plus important parti politique, enfin presque, le dirigeant de l’époque des faits s’étant démocratiquement mis au-dessus de toute justice, et puis comme l’a dit Raffarin ceci n’est qu’une décision provisoire. La justice est aveugle, gageons que les amis du grand démocrate lui ouvriront les yeux.