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En vrac

Le jeudi 5 février 2004.

Les Nez rouges, c’est leur nom… Et c’est un jeune groupe venu de je ne sais où (pas d’adresse à disposition) qui montre déjà, à l’écoute de leur CD démo, une convaincante maîtrise de la chose punk. Tout n’est pas forcément bien calé mais la pêche est là, de même qu’un sens assez singulier des mélodies dont les incessants changements de rythmiques ne sont pas la moindre des caractéristiques. L’exercice n’est pas évident, car à complexité excessive on risque toujours d’y noyer l’énergie musicale, mais à ce petit jeu Les Nez rouges s’en sortent fort bien. De temps à autres, un ska vient aérer le tout, ainsi que de très jolis traits de violon, chose également singulière dans le genre. Les paroles abordent diverses calamités de notre bas monde (politicailleries, effets de mode, étroitesse de la vie standardisée, nucléaire…) dans un esprit qu’on pourrait résumer par le titre d’un de leurs morceaux : « Du pareil au même », signe que la misère et la révolte ne sont encore, hélas, que d’éternels recommencements.

Les Nez rouges, C’est comme vous voulez, CD démo 10 titres. Contacts : Antoine (02 47 53 22 03), JJ (02 47 59 17 60) ou Gwen (06 87 20 87 07).

J’en profite pour glisser un mot du label qui a permis la réalisation de la galette précédemment évoquée : Pas de quartier ! « Label indépendant et autonome qui a pour but de développer des pratiques d’entraides et de solidarités au niveau très restreint de la production musicale. Créativité, imagination, autogestion… La question du pognon n’est pas essentielle même si elle demeure importante, nous ne voulons pas être une structure parallèle au système marchand mais une alternative aux structures qui gouvernent ce monde de larmes et de dégoût. En attendant les prochaines émeutes, un peu de musique débridée dans vos appareils stéréophoniques ! »

Pas de quartier ! Contact : Fabien (02 47 05 82 37).

J’ignore si le zine a toujours arboré des couvertures en rapport avec son titre, en tout cas pour son troisième numéro, Wall Street Destroy (WSD) zine exhibe un réjouissant montage fait de photos de pubs détournées et sévèrement graffées, visiblement prises dans le métro. À la différence de beaucoup de zines, WSD ne semble pas évoluer dans l’esprit d’une presse, fût-elle alternative, mais plutôt comme un journal de voyage et de vie. Pour preuves, les nombreux récits de festivals (Holidays in the Sun en Angleterre, le Festival de Louvain en Belgique…), de concerts, voire de tournées (celle de Ratwaster à travers l’Europe), qui sont pour les rédacteurs et rédactrices autant d’occasions de rencontrer des groupes et de les interviewer. Sont ainsi rapportés les propos de Los Fastidios (Espagne), Jason (Brésil), MDC (États-Unis), Restarts (Grande-Bretagne), et d’autres. Le zine est consistant, assez dense, la mise en page plutôt fidèle à cette « tradition » zinesque qui repose largement sur une bonne paire de ciseaux, un pot de colle, et un usage jamais abusif des fonds photographiques. Pour les lecteurs et lectrices qui ont le goût des concerts, des rencontres et les jambes baladeuses.

Wall Street Destroy zine. Contact : William Colombier et Claire Doucet, 13, rue de Corblin, La Bâte, 78730, Longvilliers.

Terminons en beauté avec cette magnifique production, partagée entre deux labels qui dernièrement nous avaient plutôt habitués à des choses très violentes. We also are what we have ruined, ainsi s’intitule le mini-CD (5 titres) de Ravi. Là, si les guitares restent saturées, le tempo parfois accéléré et si le chanteur met de temps à autre ses cordes vocales à rude épreuve (notamment sur « Lost Ground », le titre le plus classiquement punk du CD), l’ensemble conserve en permanence une superbe délicatesse, qui atteint presque un paroxysme — si je puis dire- dans « Skin deep émotion », précieuse ballade chaloupant entre volutes de saxophone et murs de guitares. Rares sont les groupes comme Ravi qui, quels que soient les riffs plaqués, grattent toujours quelques cordes sensibles, et font ainsi naître des atmosphères chargées d’émotions, qu’elles soient légères ou poignantes Et rares sont ceux, également, qui mettent tant de soin aux parties vocales de leurs morceaux. En somme, le genre de disques qui prend par les sentiments.

Ravi, We also are what we have ruined (co-prod. Chimères rds/Emergence rds), c/o Gaël Marguerin, 28, rue Branville, 14000, Caen. ravi.music@club-internet.fr, www.ravi.fr.st

André Sulfide