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éditorial du nº 1350

Le jeudi 11 mars 2004.

Démocratie, vieux mot, mis à toutes les sauces depuis des milliers d’années, remis au goût du jour pour berner les populations en leur donnant l’illusion qu’elles sont maîtresses de leur destinée. Il n’y a pas à gratter beaucoup pour voir, sous le vernis craquelé des apparences, qu’en fait le pouvoir s’exerce par une caste restreinte affiliée aux possédants.

En Irak, la manipulation des différences ethniques, culturelles et religieuses permet à l’administration Bush de se poser comme le filet empêchant le pays de sombrer dans le chaos et la guerre civile dont elle cultive les germes. Les états-Unis justifient ainsi la prolongation de la présence de leur armée d’occupation, protègent leurs intérêts économiques et géopolitiques dans ce pays qu’ils ont envahi au nom de la démocratie et qu’ils administrent en dictateurs avisés. Si les Francais, qui profitaient depuis des années de leurs relations privilégiées avec l’ex-dictateur Saddam Hussein, ont dénoncé cet abus de pouvoir du potentat américain, ils se sont en revanche entendu avec lui pour organiser le coup d’État en Haïti et destituer la marionnette mise en place par les États-Unis pour asseoir leur position géostratégique, et ce encore au nom de la démocratie.

Plus près de chez nous, en Grèce, berceau de la démocratie, les joutes électorales voient s’affronter le fils et le neveu des dirigeants du xxe siècle. En Russie, Vladimir Poutine s’apprête à conforter son pouvoir sur le devenir des populations en utilisant les méthodes qu’il a mises au point du temps où il était au KGB, favorisant le racisme et l’intégrisme. Les bandes d’ados pétersbourgeois, nostalgiques du Troisième Reich, terrorisent et assassinent en toute impunité les ressortissants étrangers, sous l’œil goguenard de la police et de la population indigène à qui l’on fait croire que leur misère vient du trop grand nombre d’étrangers. En Autriche, Jörg Heider, le leader populiste, voit sa candidature régionale favorisée, afin de le tenir à l’écart du pouvoir central où il fait peur aux investisseurs. Chez nous, les régionales et cantonales vont permettre aux différents partis de renflouer leurs caisses sur les budgets des régions, au moyen des juteux marchés publics qu’ils pourront contrôler.

Pendant ce temps, les 850 000 chômeurs qui à terme vont se voir injustement radier des Assedic pourront crever en silence, incapables de se soigner, puisqu’ils auront choisi de ne pas payer d’assurance complémentaire santé, préférant dilapider l’argent de leur RMA dans les patates et les pâtes constituant leur menu quotidien auquel ils doivent s’habituer. La retraite pour eux reste un rêve inaccessible.