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éditorial du nº 1348

Le jeudi 26 février 2004.

La vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille pour ceux qui veulent se mêler de la vie des autres. À droite comme à gauche, tous ceux qui voudraient bien décider à notre place se ramassent des beignes bien méritées. Que ce soit cette bonne vieille ordure de Le Pen, Niçois de circonstance, qui crie au complot ou les beurs de service à l’UMP qui s’apercoivent mais trop tard que la rigolade va bien cinq minutes mais que pour les choses sérieuses on n’a pas besoin des arabes : la naïveté finit toujours pas leur retomber sur la tronche. Comment croire en effet qu’il soit possible que des listes électorales puissent héberger des immigrés parfaitement intégrés mais dont le patronyme va trahir des origines plus ou moins douteuses. L’intégration, si intégration il doit y avoir, est dans ces conditions parfaitement impossible. Il est inacceptable dans l’état actuel de leur morale de faire une place, même de pseudo décideur, à des étrangers. Le temps n’est plus au célèbre « Mohammed, fais ta valise ! », il faut désormais leur dire « Mohammed, paie tes impôts et ferme ta gueule ! » Les responsables de l’UMP ont compris avant eux que les bons français moyens ne voteront jamais pour des arabes. L’antiracisme a quand même ses limites.

Bien crédules également ceux qui pensent que les avatars de Papon, désormais rétabli dans presque tous ses droits et amende payés par l’État, pouvaient croire que les grâces médicales pouvaient bénéficier à Nathalie Ménigon. Ancienne militante d’Action Directe, victime d’accidents cardio-vasculaires à répétition et que l’administration pénitentiaire laisse lentement végéter en taule. L’État a toujours eu beaucoup d’indulgence pour ses crimes et assez peu pour ceux et celles qui le combattent. Si c’était le contraire, on le saurait depuis longtemps.

Toujours dans le chapître de ceux qui ne sont pas au bout de leur surprise, c’est cette fois ci en Haïti que ça se passe. Le capital sympathie d’un curé des bidonvilles devenu calife à la place du calife a été dilapidé en un éclair. Corruption, entêtement maladif à conserver le pouvoir, ivresse de la puissance, opposants caricaturaux qui parlent à la place des autres, l’île est devenue une poudrière. Et qui c’est qui va trinquer ? Le pouvoir est au bout du fusil, disait-on, mais n’oublions jamais qu’un fusil a deux bouts. Le seul clergé qui a du mérite, c’est encore celui d’Iran. Obscurantiste il est, obscurantiste il reste et en plus il le revendique. Les choses ont au moins le mérite d’être claires. Il en est malheureusement ainsi avec les pires des dictatures : elles ne surprennent même pas.