Accueil > Archives > 2004 (nº 1342 à 1380) > 1349 (4-10 mars 2004) > [Les Élections régionales et les syndicats confédérés]

Les Élections régionales et les syndicats confédérés

Le jeudi 4 mars 2004.

Alors que s’approchent les élections régionales, que les listes UMP, UDF, PS-PRG, PCF, Vert, LO-LCR et quelques listes alternatives (altermondialistes, écolos, communistes) sont bouclées, les grandes confédérations syndicales commencent à prendre position.

La position de la CGT-FO est classique et traditionnelle, pas de consigne de vote.

La CGT se lance, elle, dans une campagne d’information contre les idées du Front national en matière sociale. Si le Front national développe une campagne sur plusieurs axes suivant les départements, dans le Sud-Ouest notamment il insiste sur la défense de la ruralité, dans le Nord il base sa campagne contre l’insécurité sociale en essayant de récupérer des voix populaires sur les anciennes zones ouvrières devenues de vraies friches industrielles. Pour Jean-Christophe Le Duigou de la CGT, cité par Libération du 26 février « Le FN a commencé à déborder de son champ d’influence traditionnel, la droite, à partir des années 1984-1986, à l’occasion des grandes restructurations industrielles. » D’où ce tir de barrage de la CGT.

La position de la CFTC est plus difficile. Des candidats Front national périodiquement apparaissent dessous le giron protecteur de son C. Chaque fois la centrale syndicale chrétienne assure vouloir faire le ménage au nom de la défense de ses idées chrétiennes et humanistes.

Pour « le syndicat responsable », la CFDT, Jean-Marie Toulisse, secrétaire national précise sur le site web confédéral « nous n’avons pas à appeler à voter pour tel ou tel parti. Pour autant, la CFDT s’intéresse au débat sur les régionales et si nous ne sommes pas partisans, nous ne sommes pas neutres devant la montée des actes racistes ou antisémites, devant des attitudes intolérantes. Il est de notre devoir d’alerter les adhérents de la CFDT sur l’impasse que représentent les votes protestataires extrêmes. ».

Publiquement, la centrale de Chérèque affirme sans nuance que le duo LO-LCR et FN c’est « bonnet blanc, blanc bonnet ». Du coup, la centrale bien recentrée appelle ses adhérents à voter pour les partis de gouvernement.

Les mauvaises langues pourront y voir un banal règlement de compte entre appareils. L’organisation de Krivine étant accusée d’avoir encouragé les derniers départs cédétistes. Mais dans ce cas, logiquement, LO devrait être épargnée, l’organisation d’Arlette préférant contrôler « ses » sections d’entreprise CFDT sans faire de vagues plutôt que de se lancer dans un travail de construction de nouveaux syndicats. En revanche ne devrait pas être ménagée la gauche du PS, les tendances Nouveau Monde et Nouveau Parti socialiste ont en effet joué un rôle certain dans les scissions syndicales de la CFDT vers la CGT et vers la FSU.

Quoiqu’il en soit, un argument de fond présenté par la CFDT pour mettre les trotskistes et les fachos dans le même sac est… la lutte contre le populisme !

Comme le souligne Jean-Louis Malys de l’Union régionale Lorraine (Libération du 26 février) « Supprimer les licenciements, on sait que c’est impossible. C’est du populisme et cela remet en cause le modèle démocratique. »

Si indéniablement l’interdiction des licenciements relève du discours démagogique, car ce ne sont pas quelques élus d’extrême gauche qui aboliront les plans sociaux, on peut légitimement se demander si les promesses électorales chiraquiennes et le slogan « Zéro SDF » de Jospin ne relevaient pas elles aussi du populisme ?

Paradoxalement la réponse à cette question est donnée toujours dans ce même Libé par un proche de Chérèque : « Les partis de gouvernement ne sont pas exempts de critiques. Toutefois, on ne veut pas cogner sur tout le monde, ce serait équivalent à appeler à l’abstention. »

Le gros mot est lâché ! L’abstention ! Mais n’est-ce pas la réponse possible et immédiate au grand cirque électoral qui nous est présenté pour ce mois de mars.

La seconde étant d’organiser encore plus de luttes sociales émancipatrices !

Jimma