En 1981, avec la victoire de la gauche, ça faisait péter la roteuse au square Montholon. Les dirigeants de la CFDT saluaient la victoire de François Mitterrand comme la leur. La social-démocratie était au pouvoir et, eux, prétendaient tenir le haut du pavé dans le mouvement social. Plus de vingt ans après, Chérèque-fils peut seulement dire dans un interview au Nouvel Observateur : « Le gouvernement nous a fait un enfant dans le dos. » Un peu surprenant, n’est-il pas ? Le patron de la CFDT ne se réjouit pas de la gifle infligée par le peuple souverain à la droite au pouvoir mais semble surtout déplorer d’avoir été mis de côté en tant que partenaire social.
Sinon, à part le « Victoire dans les urnes, victoire dans les luttes » d’un tract CGT, qu’y a-t-il de nouveau sur le front syndical [1] ? Des confédérations représentatives, l’unanimité semble dire qu’il vaut voir sur pièces… Seule la CFDT (encore ?) affirme que si la droite au gouvernement a subi un échec, ce n’est pas de la faute à la législation sur les retraites…
Un troisième tour social sera-t-il à attendre pour l’ambulance Raffarin ? Il y a du pain sur la planche pour les revendications syndicales : chômage, privatisations, enseignants, chercheurs, Sécu…
Mais le « printemps chaud » va-t-il décevoir nos espérances ? L’annonce par Sarkozy d’une brouette de privatisations aura balayé le soupçon d’illusion que Chirac pouvait avoir éveillé. Alors, les boutiques syndicales, y aura-t-il une riposte unitaire ? La centrale sise à Montreuil a déclaré la semaine dernière : « Le syndicalisme a désormais une responsabilité immense pour permettre aux salariés de se rassembler, de se faire entendre et obtenir les changements auxquels ils aspirent dans la politique économique et sociale. » Belle expression, mais dans les faits ? On peut craindre des guerres de tranchées boutique par boutique. Et l’immobilisme tactique des uns comme les incantations quasi religieuses des autres ne changeront rien à l’affaire… à moins que l’unité dans les luttes ?…
Jean-Pierre Germain