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Et ça s’appelle justice !

Le jeudi 15 avril 2004.

Le journal Le Monde, en date du 25 mars, nous informe que la justice enquête sur des photos de Maurice Papon donnant un entretien à l’hebdomadaire Le Point en novembre 2003, légion d’honneur à la boutonnière, alors que celle-ci lui a été retirée par décision de justice en novembre 1999.

Nonobstant cette symbolique affaire de rosette, Papon continue de braver impunément la justice, lui qui ne renie rien des faits qui lui ont valu, excusez du peu, d’avoir été condamné pour « complicité de crimes contre l’humanité » : il le fait en toute quiétude d’autant plus qu’il a bénéficié d’une décision de libération pour raison de santé en septembre 2002.

C’est cette même justice qui refuse obstinément de faire bénéficier les quatre militants d’Action directe, en prison depuis dix-sept ans, du même dispositif.

Nathalie Ménigon est hémiplégique et dépressive, Georges Cipriani a basculé dans la folie, Joëlle Aubron souffre d’une tumeur maligne au cerveau et Jean-Marc Rouillan est atteint d’un cancer aux poumons. Qu’importe que le diagnostic vital soit engagé pour ces quatre « détenus particulièrement surveillés », la justice a décidé qu’il n’était pas politiquement correct de les libérer.

Papon mourra donc dans son lit bien douillet, dans sa maison bien proprette de Seine-et-Marne tandis que les autres crèveront en prison : la justice de classe, dans son cynisme absolu, a statué.

Lors de l’examen de la troisième demande de suspension de peine pour Nathalie Ménigon, l’avocat général n’a-t-il d’ailleurs pas osé soutenir « que son état était normal parce qu’elle ne pouvait pas faire de gymnastique en prison » ! (Libération du 27 mars citant les propos de son avocat).

Et Papon est trop vieux pour en faire… chez lui !

À gerber. !

Bernard Hennequin