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Quand l’autruche éternue…

c’est toute la jungle qui s’enrhume
Le jeudi 8 avril 2004.

Des qui veulent pas être bousculés

« En Alsace, on tient aux traditions. Faut pas nous bousculer. » Serge, quarante ans, Alsacien.

Partageant l’avis de Serge pour ce qui est des traditions, je propose de rétablir celle consistant à refiler l’Alsace aux Allemands, une fois de temps en temps. On la récupérerait dans environ un demi-siècle, en attendant, qu’ils se démerdent.

Des qui veulent nous protéger

« Je leur dis [aux Français.e.s] que le Parti socialiste est là pour les protéger. » François Hollande.

Manquait plus que ça… Coincé entre une droite qui entend lui réexpliquer un projet de société qu’il a parfaitement compris et un PS qui la joue gentille nounou protectrice, l’électeur de base est en train de s’apercevoir qu’on le prend pour un sourd, ou pour un môme, ou pour un con. L’honnêteté oblige à admettre qu’il y a, chez lui, un peu des trois.

Un qui lit dans le marc de café

« Toutes les conditions sont requises pour que 2004 soit une grande et belle année. » De Robien, toujours ministre.

Il avait déclaré ça, Gilles, en décembre dernier. Depuis, ministre des Transports, il s’est retrouvé en première ligne face aux menaces du groupe AZF (« Si ça saute je saute », en gros), s’est pris une volée aux régionales en Picardie, où sa promesse de créer une « option chasse » au bac n’a pas suffi à rameuter les suffrages des fans de l’alouette cuite dans son sang. S’il n’était pas le seul ministre UDF, la défaite l’aurait sûrement privé de maroquin. Mais l’année, qui est loin d’être terminée, réserve sûrement de grandes et belles surprises.

Un qui veut qu’on soit cons, mais moins

« Lisez le dernier livre d’Alain Minc, vous serez juste un peu moins cons. » Ardisson, Drucker pour jeunes.

Reconnaissons à Ardisson cette qualité essentielle pour un animateur télé : il connaît bien son public. C’est donc aux bœufs, aux nazes, aux merdes qui regardent son émission qu’il conseille de lire Minc. Bien évidemment, lui, n’a pas lu le bouquin qu’il vante, j’en veux pour preuve qu’il continue de produire des émissions de merde, animées par des nazes, et qui s’adressent aux bœufs. Éteignez vos télés, vous serez un peu moins Ardisson.

Des qui sont flics et tristes

« C’est un crève-cœur de partir. » Sarkozy, en direct de la place Beauvau.

Et nous, patron, si vous saviez… On vous aimait patron, quand on allait dans les banlieues pour tirer sur les jeunes ; dans la bagnole on gueulait tous « Sarkozyyyy ! », pour se motiver. Je sais pas si on aura envie de gueuler « de Villepiiiin », voyez. Et, patron, vous barrer comme ça, quand on a pas fini de nettoyer les banlieues, on voulait vous dire, heu… C’est pas sympa, voilà. On comprend pas. Voilà. Mais on continuera de nettoyer. Voilà.

Un qui ressent des trucs

« Ce que je ressens en entrant dans cette cour, c’est fierté et honneur. Oui, fierté et honneur. » De Villepin, en direct de la place Beauvau.

Eh, patron, il parle bizarre le nouveau : fierté, honneur… Il utilise des mots qu’on sait même pas ce qu’ils veulent dire. Eh, si on lui montrait la cour de la préfecture de police, là où dans les années 60 on entassait les Arabes morts ? Peut-être après y’a des mots comme ça qu’il osera plus utiliser ?

  • Pour finir (c’est le cas de le dire), je voudrais remercier Ferry, Mattéi, Aillagon, Bachelot Roselyne ou Mer Francis, lesquels, pour oubliés qu’ils soient déjà, m’auront, durant plus de un an, souvent fourni de quoi nourrir cette rubrique. C’est sans regret, évidemment, que je vois disparaître pour toujours ces clowns, ces gommeux, ces rois du gag grave. Persuadé qu’ils sont remplacés par d’aussi mauvais qu’eux, je n’ai aucune inquiétude quant à une baisse de production des conneries dites ou écrites par le personnel politique. Aussi : adieu, et à jamais.

Fredo Ladrisse


(sources : France 2, France 3, France Info, France d’En Bas, Libération, le Nouvel Observateur, Politis).