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En vrac

Le jeudi 22 avril 2004.

Honte à moi ! Un petit bijou punk mélodique est sorti il y a, mmh… deux ans ! et je ne le découvre qu’aujourd’hui. On dit que les diamants sont éternels, mais quand même… De quoi s’agit-il ? Des Vulgaires Machins, groupe québécois manifestement assez prisé outre-Atlantique, et de leur quatrième album intitulé Aimer le mal, distribué en France par les bons soins du label rennais Enragés Productions. Je ne sais s’il faut dire que le son est très anglo-saxon, au sens de l’efficacité mélodique (que peuvent avoir certains groupes comme Propangandhi par exemple), une chose est sûre cependant : à l’écoute, c’est la grosse, la très grosse patate ! Les titres s’enchaînent, souvent rapides, parfois plus lents, si parfaitement ciselés qu’on sent derrière une sacrée maîtrise du genre. Genre qui, et c’est à souligner, n’est pas sans risques, notamment celui de céder à une certaine facilité et laisser l’efficacité un peu inhérente à ce style, prendre le pas sur l’originalité des compos. En l’occurrence, on a plutôt l’habitude d’écouter des choses chantées en anglais, hé bien, les Vulgaires Machins prennent le soin de la jouer en français, avec ces expressions québécoises imparables que je vous laisse le plaisir de découvrir par vous-mêmes. Je ne saurais trop vous le conseiller, d’ailleurs, tant les textes brillent d’intelligence et de sensibilité. Notamment la chanson qui ouvre le bal (« Un vote de moins », qui sera mon hymne aux prochaines élections), ou encore « Capital », « Anesthésie » (sur la soupe radiophonique), « Mourir au bout d’une corde » (sur le suicide), mais il faudrait aussi parler de ces textes tout en nuances comme « Personne a raison », ou « La chasse est ouverte », qui sont tout sauf ceux de donneurs de leçons. Et si je vous dis que le groupe ne manque pas d’humour, écoutez donc « Pigeon frit killtucky » (sur le fast-food-beurk), et si vous ne rigolez pas je vous rembourse le disque (parole d’ivrogne).

Dans (presque) tous les bacs. Web : www.vulgairesmachins.org

Cinq labels, deux groupes et un disque : le split LP The Apollo Program/Short Supply, tout juste sorti des presses à vinyls. L’effort collectif a payé, cette galette est une pure merveille. Je parlerai d’abord de Short Supply (groupe de Nancy), qui commence par « Pantomine » (sur l’insubordination aux normes), une véritable tuerie émo-punk tendue dans la rage, où les saccades de riffs ouvrent sur de fabuleuses mélodies vocales, puis retournent à cette puissance aiguë et électrique qui ne quitte pas une seule seconde cette première face du disque, avec (peut-être) une petite accalmie sur le dernier morceau. The Apollo Program (de Caen) officie dans un registre plus « classiquement » émo-noisy-hardcore, si j’ose dire. Un genre très en vogue dans la scène underground actuelle, au point de sombrer parfois dans la caricature ou du moins, une certaine répétition. The Apollo Program explore une voie plus originale, où les lignes mélodiques du genre émo sont continuellement frottées d’une matière punk bien rugueuse, faisant ainsi disparaître certains poncifs et les barrières qui cloisonnent, précisément, les familles musicales (même punks). Les textes restent, en revanche, assez fidèles à la tradition émo, donnant à la réflexion politique des approches très personnelles voire relevant de l’intime. Un beau disque dans un belle pochette.

The Apollo Program/Short Supply « s-t » (co-production Émergence/Iconoclast(e) /213 records/Les Forces alliées/Ben le Millionnaire). À commander chez : Émergence, 29, rue de Le Nostre, 76000 Rouen (www.emergencerecords.fr.st), dans les 8 euros, port compris.

Meantime fait partie de ces fanzines qui méritent bien leur nom : le genre à consacrer trois pleines pages passionnantes à l’histoire d’un groupe disparu que personne ne connaît (en l’occurrence les Happy Hate Me Nots, combo australien qui connut, c’est vrai, une petite notoriété dans le milieu punk rock il y a… pfou… longtemps). Ce numéro 9 paru en début d’année, témoigne une fois de plus de la brûlante passion qui anime son rédacteur, Maz, pour les choses punk-rock, hardcore et reggae, j’allais dire, authentiques si je voulais parler comme les Inrock’. J’entends par là, authentiques dans leurs liens avec les préoccupations politiques et sociales qui ont fait, depuis ses origines, le ferment de cette révolte en musique. On pourrait s’interroger sur l’opportunité de consacrer plusieurs papiers aux bootlegs des Clash, des Pogues, de Social Distortion, quand on sait quelle spéculation entoure ce genre de raretés souvent vendues à prix d’or, mais bon, je reconnais avoir affaire à un fan qui ne reculera devant rien pour sa discothèque, donc… Une page sur les premiers groupes hardcore américains, un article sur Prince Buster, des interviews de The Stingers Atx (reggae ska US), Do The Dog (zine ska anglais), une floppée de chroniques diverses… Tout cela écrit avec brio et intelligence, au point qu’on peine à s’arracher d’une telle lecture. Et, ce qui ne gâche rien, un soin particulier est apporté à la mise en page.

Meantime, B.P. 737, 42 484 La Fouillouse cedex (1,50 euros + des timbres pour le port).